« Le travail institutionnel pour la réhabilitation et la promotion de l'amazighité en Algérie » a été le thème d'une journée d'étude organisée, hier, au centre de presse du quotidien El Moudjahid, par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA). Une pléthore d'enseignants en tamazight et autres linguistes se sont succédé à la table ronde consacrée à la culture berbère et son processus au pays. Malika Ahmed Zaïd, professeur de langue tamazigh à l'Université de Tizi Ouzou, s'est longuement étalée dans son exposé sur les missions de la langue devant servir de support pour sa propre préservation. D'abord, l'intervenante cite la mission de défense et de promotion de la culture berbère qui doit être, dit-elle, soutenue par une action politique. La réappropriation de la langue tamazight nécessite une collecte de données, ce qui est « un travail colossal », dira-t-elle, soulignant, à titre d'illustration, les recherches fabuleuses entreprises par l'éminent écrivain-anthropologue, Mouloud Mammeri. Dans sa communication intitulée « la revendication amazigh », le professeur Malika Ahmed indique que l'incitation à l'écriture et la production d'ouvrages en langue tamazight est primordiale pour sa promotion. Graine Arezki de l'Université d'Alger estime pour sa part que la revendication tamazight n'est pas régionale mais une revendication identitaire nationale, et que « aujourd'hui, le temps du militantisme est terminé. Place à la recherche, la production et la promotion ». La réalisation de ce triptyque ressort, soutient-il, d'une décision politique. Dans le même esprit, le professeur Benkhemou Mustapha fera savoir que « dans tout le territoire, il y a une réelle demande d'enseigner tamazight ». Pour appuyer ses dires, il rappelle que les différentes dynasties qu'a connues le pays (Fatimides, Mouahidine, Hafsides..) ont été des dynasties amazighes. Ce qui témoigne, poursuit-il, de l'ancrage de l'amazighité dans tout le territoire. Ce professeur insiste sur l'urgence de faire sortir la question tamazight de son caractère polémique et généraliser son enseignement. Soutenant les points de vue développés par ses prédécesseurs, Tarek Mira, universitaire, indique que « sans l'appui de l'Etat, la langue, quelle que soit sa valeur, est appelée à disparaître ». Au sujet de la pratique « réelle » de la langue tamazight, un intervenant aux débats de la rencontre souligne la nécessité de faire de tamazight une pratique courante à tous les niveaux. D'ailleurs, le même intervenant n'a pas manqué de regretter les différentes communications de cette journée d'étude, présentées en langue française. « Revendiquons-nous tamazight ou le français? A quant une conférence en tamazight ? », s'est-il interrogé avant que l'assistance, fortement présente au centre de presse d'El Moudjahid, s'est mise à applaudir. Notons enfin que le programme de la journée, organisée à l'occasion du 30e anniversaire du printemps berbère, s'est achevé par un récital poétique animé par deux poétesses, Hadjira Oubachir et Lynda Koudache.