Deux manifestants ont été tués, ce lundi matin, dans des heurts avec la police dans le sud du Yémen, à l'occasion des funérailles de six personnes mortes lors de précédentes manifestations. Les heurts se sont produits lorsque la procession est arrivée près d'un barrage de police, dans le village d'Al-Eind, situé dans la province de Lahaj (80 km au nord d'Aden), théâtre, ces dernières semaines, de troubles et d'appels à la sécession. Ce bilan n'a pas encore été confirmé de source officielle. Quatre autres manifestants ont été blessés dans ces heurts qui ont éclaté lorsque la police a empêché les manifestants de franchir le barrage avec leurs armes personnelles, ce qui a déclenché les hostilités, selon des témoins. Des villes du sud du Yémen, qui était un pays indépendant avant l'unification de 1990, connaissent depuis des semaines une agitation et un mécontentement social, dus, selon les autorités de Sanaâ, à des «éléments séparatistes». Au total, 18 personnes ont été tuées dans ces violences depuis le début de l'agitation, fin avril, dont cinq membres des forces de sécurité. S'estimant victime de discrimination de la part du pouvoir central, une partie de la population de ce qui fut jusqu'en mai 1990 le Yémen du Sud, estimée à quatre millions d'habitants, réclame aujourd'hui l'indépendance. Fondé en 1967, lors du départ des Britanniques, le Yémen du Sud avait fusionné en 1990 avec le Nord, dirigé depuis 1978 par le Président Ali Abdallah Salah, qui était devenu chef du nouvel Etat. Mais la greffe n'avait pas pris et une tentative de scission du Sud avait été noyée dans le sang en 1994 par l'armée du Nord, appuyée par des combattants islamistes de retour d'Afghanistan.