Au Maghreb aussi, les rêves sont attribués à un ange qui vient prendre l'esprit au moment du sommeil et l'emmène, s'il est pieux et pur, visiter le monde de l'invisible. Le rêveur peut ainsi entrevoir les mystères que recèle cet univers ainsi que l'avenir : tantôt, la vision est claire, tantôt, elle est sous forme de symboles qui doivent être interprétés. Mais Satan inspire aussi des rêves qui peuvent être beaux pour mieux tenter les gens, ou qui peuvent inspirer de l'effroi. C'est ce que le Coran désigne sous l'expression de adghatu ah'lanîn (les visions chaotiques. il peut même tenter de tromper les croyants, comme dans la mésaventure d‘un disciple de Sahnoun, le grand juriste malékite du Maghreb au IXe siècle : «L'homme, en pleurs, vint trouver Sahnoun et lui raconta ce rêve : j'ai vu le jugement dernier et j'ai vu Sahnoun chargé de chaînes, précipité en enfer.» Sahnoun envoya chercher les maîtres de l'Eglise chrétienne. il en vint deux. «L'un de vos hommes vénérés, vient-il de mourir ? leur demanda-t-il. – Oui, répondirent-ils. — Voyez-vous vos morts dans les rêves ? – Oui. – Et avez-vous vu celui-là ? — Oui.» Sur ce, il les congédia. Sahnoun dit au rêveur : «Doutes-tu que ces hommes et leurs morts soient damnés ? — Non. — Sache alors que le diable essaye de détacher les vrais croyants et de confirmer les infidèles dans leurs erreurs.» Comme en Orient, on considère au Maghreb que les visions dans lesquelles apparaît le Prophète, sont toujours véridiques.