Résumé de 3e partie n Pour Mary Boney, la journaliste qui effectue un reportage sur les habitants de l'île de sable, c'est toujours le mystère sur le colosse King Kong ... Après l'office, le surintendant l'invite avec le photographe au repas qu'il a fait préparer par sa gouvernante. Il se tourne vers King Kong avec un œil complice : «Venez aussi, David...» Sur le chemin, le surintendant montre à Mary Boney une énorme dune haute de trente mètres. «Un trois-mâts américain, dit-il, est là dessous avec tout son gréement...» Il raconte comment des bateaux échoués disparaissent en quelques heures alors que d'autres, ensablés depuis des siècles, réapparaissent parfois. Il arrive même que le sable découvre un squelette blanchi. Le repas chez le surintendant est tout à fait correct. «C'est grâce au congélateur et au groupe électrogène, explique-t-il. Mais il n'y a pas si longtemps, c'eût été bien différent. Le ravitaillement doit attendre quelquefois trois semaines avant d'être embarqué, l'unique point d'accostage de l'île étant souvent inaccessible. Autrefois il est arrivé qu'on meure de faim sur l'île de Sable...» La petite colonie actuelle n'a ni médecin, ni infirmière. On doit commander ce dont on a besoin trois mois à l'avance, et le retour sur le continent n'est jamais assuré à une date fixe ! Pendant tout le repas, Mary Boney ne peut s'empêcher de regarder King Kong. Finalement, elle ne peut contenir sa curiosité. «Pourquoi restez-vous ici ? C'est vraiment pour un roman ?» King Kong répond mais comme s'il n'y croyait pas lui-même : «Oui, oui, c'est pour un roman... et je suis bien ici.» La gouvernante du surintendant en profite pour mettre son grain de sel : «Vous comprenez, dit-elle, le climat est extrêmement sain, et puis tout le monde est très gentil. On fait beaucoup d'équitation et en été, quand la mer est calme, on peut se baigner. Le dimanche soir tout le monde se réunit, on voit des films que nous envoie l'Instruction publique... Et puis, maintenant, nous avons la télévision comme tout le monde, grâce au satellite.» Au moment du café, King Kong, ayant sollicité et obtenu l'honneur de faire visiter l'île à Mary Boney, sort pour aller chercher deux chevaux. Mary en profite pour demander à la gouvernante : «Mais enfin, qui est cet homme ? — King Kong ? C'est un homme trop solitaire, trop brutal. Il est peut-être gentil au fond, mais on le sent tellement coléreux... il nous fait un peu peur. J'espère qu'il finira son roman et qu'on en sera débarrassés. — Quel âge a-t-il ? — Difficile à dire. Mais il ne doit pas être si vieux que ça : entre trente-cinq et quarante ans. — Qu'est-ce qu'il faisait avant d'être ici ? — Oh là là ! Je n'en sais rien... Il paraît qu'il écrivait des livres. Mais vous savez, ils n'ont pas l'air d'avoir beaucoup de succès, car je n'en ai jamais entendu parler. Je me demande même s'il a réussi à les finir. Notez que c'est un artiste, il fait de la peinture, de la sculpture, mais il ne finit jamais ce qu'il commence. Si vous voulez mon avis, il est un peu fou.» Le surintendant paraît assez agacé par ce bavardage. Lorsque King Kong frappe à la porte, il accompagne Mary Boney. Profitant de ce qu'il est un court instant seul avec elle, il lui glisse : «Je suis embarrassé... Mais tout compte fait, je crois qu'il vaut mieux vous prévenir... Je ne crois pas que David finisse jamais son roman. Je ne sais même pas s'il l'a jamais commencé. Il est malade et condamné. Il est venu mourir ici : un cancer, je suppose...» Puis il ouvre la porte pour laisser entrer King Kong. Celui-ci baisse son énorme tête chauve. Il ne sait pas sourire, mais pour s'efforcer d'être aimable, il rend ses yeux verts encore plus doux. Au passage, le photographe demande à Mary Boney : «Tu crois que c'est lui ? Je le saurai... Je t'en fiche mon billet !» Tout l'après-midi, montés sur des poneys à demi-apprivoisés, giflés par le sable que le vent, sans cesse, arrache aux dunes, King Kong et la petite Mary Boney galopent sur l'île de Sable. (à suivre...)