Résumé de la 5e partie Une île qui engloutit les bateaux et qui se nourrit de cadavres : c?est la leçon d?histoire que donne le géant King-Kong à la journaliste Mary... Le lendemain lundi, le surintendant et le photographe viennent à nouveau frapper à la porte. «Il faut appeler le journal. ? Nous verrons ça ce soir», répond Mary Boney. Le soir, le photographe revient seul. «Ecoute, Mary... le pilote dit qu'il doit partir ! Et puis, nous avons reçu un appel du journal. ? Demain», répond Mary sans même ouvrir la porte. Le lendemain matin, Mary Boney et King-Kong arrêtent les poneys devant la maison du surintendant et mettent pied à terre... «On peut appeler le journal ?» demande Mary Boney. Le photographe, qui l'attendait, a compris : elle sait... Mais dira-t-elle la vérité ? Tandis que le surintendant s?acharne sur le téléphone (la ligne avec New York passe par la radio de l'île), King-Kong s'assoit devant Mary. L'attente risque d'être longue. Mary Boney demande : «David... Parlez-moi des fantômes. ? Il y a d'abord Mme Copeland...» La voix de King-Kong, déjà naturellement rauque, est résignée. «C'était la passagère d'un bateau qui s'appelait ?L'Amélia?. Lorsque celui-ci fit naufrage, elle rejoignait son mari en Europe. Il lui avait fait cadeau d'une très belle bague. Une nuit, le surintendant galopait pour découvrir des survivants, il a nettement vu une forme féminine qui tendait vers lui le moignon de son index coupé. Pendant qu'il regardait, figé, l'apparition est passée silencieusement devant lui et s'est avancée vers la mer. Or, plusieurs mois après le désastre, la bague de Mme Copeland a été retrouvée dans une bijouterie d'Halifax et restituée à sa famille. Depuis, on voit le fantôme de la femme au doigt coupé errer à travers les dunes...» «Alors, ça vient New York ? demande Mary Boney. Continuez, David. Je suis sûre qu'il y a d'autres fantômes... ? D'autres fantômes ? Oui, celui d'un gentilhomme français. Le roi, tombé amoureux de sa femme, l'avait exilé à l'île de Sable... Il y a aussi le fantôme d'un régicide qui est mort sur l'île. A chaque anniversaire de l'exécution de Charles 1er, il apparaît en costume d'époque. Par-dessus le vacarme des tempêtes, il chante les psaumes d'une voix nasillarde... ? Vous allez avoir New York, dit le surintendant. ? Il y a celui de ?La Juno?, poursuit King-Kong dans un rêve. Jetée à la côte il y a de nombreuses années avec seulement un cadavre à la barre... Ces nuits-là, on voit des lumières s'allumer sur les vieilles épaves et un bruit de cloches monte des profondeurs.» Mary Boney s'est levée pour parler au téléphone. Debout, elle n'est pas plus grande que King-Kong assis. Lorsqu'elle a le rédacteur en chef au bout du fil ? est-ce du courage, de la méchanceté, de la franchise ou de la brutalité ? ?, elle regarde King-Kong droit dans les yeux et dit : «Oui, c'est lui !» Elle écoute un bref instant son interlocuteur et ajoute : «Comment je le sais ? Mais parce qu?il me l?a dit !» Une heure plus tard, le petit avion amphibie court sur le lac dans une gerbe d'écume et décolle sous la rafale. Devant la baraque en planches, un colosse bafoué, sorte de King-Kong chauve avec, dans un visage brutal, deux grands yeux verdâtres et doux, regarde s'envoler cette petite femme emportée par le vent comme tout dans l'île : comme un amour de sable.