En fait, en inventant l'homéopathie, Hahnemann n'a fait que reprendre le vieux principe de «similitude» formulé par les Anciens. Au Ve siècle avant J.-C, le médecin grec Hippocrate définissait la maladie comme une réaction du corps à des influences individuelles, qu'il opposait aux phénomènes naturels. Pour soigner, on dispose de trois méthodes : la méthode expectative qui recourt à ce qu'il appelle la natura medicatrix (remèdes naturels), la méthode oppositive qui utilise la loi des contraires et enfin, la méthode qu'il propose, qui se base sur la loi de la similitude. «La maladie est produite par les semblables, et, par les semblables que l'on fait prendre, le patient revient de la maladie à la santé… La fièvre est supprimée par ce qui la produit et produite par ce qui la supprime». Mais les idées d'Hippocrate devaient être éclipsées par celles de Galien. Il a fallu atteindre deux mille ans pour qu'on s'y intéresse de nouveau. C'est un médecin suisse, Paracelse (1493-1541) qui va remettre à l'honneur la loi de la similitude, ainsi que l'individuation de la maladie et celle du remède. «Les noms des maladies, écrit Paracelse, ne servent pas pour l'indication des remèdes, c'est le semblable qui doit être comparé avec son semblable et cette comparaison sert à découvrir les arcanes pour guérir.» Mais c'est Hahnemann qui développera le principe de similitude et créera réellement l'homéopathie. C'est lui aussi qui, après avoir créé le mot «homéopathie», créera son contraire, «allopathie» ou méthode préconisant l'emploi de médicaments contrariant la maladie.