Halte n A son arrivée, l'administration Obama a interdit les prisons secrètes de la CIA et les pratiques qui y étaient en vigueur. Attaché debout, «vêtu» d'une couche-culotte, les bras menottés sur la poitrine : un suspect d'Al-Qaîda pouvait être empêché de dormir pendant quatre jours entiers. Enfermé dans les prisons secrètes de la CIA, la peur devait envahir tout son quotidien et alors il parlait. Des dizaines de pages de documents classés, révélées cette semaine aux Etats-Unis, dessinent pour la première fois et avec autant de détails, la réalité des détentions et interrogatoires des hommes arrêtés par les Américains après le 11 septembre 2001 et soupçonnés d'être des «détenus de grande importance», de grosses pointures d'Al-Qaîda. Selon les documents, au lendemain du 11-Septembre, les Etats-Unis ont mis au point un «programme anti-terroriste» global. Dans ce cadre, ils ont théorisé une liste de «techniques d'interrogatoires améliorées» qui ont été par la suite justifiées par le ministère au plan légal, pour certaines jusqu'aux dernières heures de l'administration Bush. La CIA n'a que tardivement formé ses agents à ces «techniques» qui ont été dans les premiers temps parfois conduites par des contractuels. Parmi elles figuraient : jeter le détenu à plusieurs reprises contre un faux mur, en fait mou, le gifler, le placer deux heures dans un espace trop étroit pour lui et dans l'obscurité, le forcer à se tenir immobile, penché, les mains appuyées sur un mur à 1,50 m de ses pieds. Si on n'obtenait rien, on pouvait alors attacher longuement le détenu assis, jambes étendues, mains au-dessus de la tête, ou à genoux le dos penché en arrière, l'empêcher de dormir ou, en dernier ressort, lui placer un tissu sur le visage et verser de l'eau pendant plusieurs secondes, afin qu'il ait l'impression de se noyer. Appelée «simulation de noyade» et assimilable à de la torture, cette méthode a été pratiquée sur trois détenus dont le cerveau auto-revendiqué des attentats du 11-Septembre, Khalid Sheikh Mohammed. Mais, d'après un rapport de l'inspecteur de la CIA portant sur la période allant de septembre 2001 à octobre 2003, une «série d'actes improvisés» ont aussi été observés : pastiches d'exécution sommaire, menaces avec une perceuse électrique, menaces de tuer les enfants, de violer la mère, corps frotté à la brosse dure, mains serrées autour du cou jusqu'à évanouissement, etc. Au point que certains agents de la CIA ont commencé à s'inquiéter du risque d'être poursuivis «devant un tribunal international». Dans d'autres documents, on apprend que la plupart de ces pratiques, dont la privation de sommeil, étaient encore à l'ordre du jour en 2006 et 2007.