Caractère n Comme tous les peuples du monde qui ont une façade maritime, les Algériens adorent voyager, voir du pays et prendre racine là où les cieux sont plus cléments. C'est sans doute à partir de la première moitié du XIXe siècle que les Algériens commenceront réellement à émigrer. Le gros des candidats pour des raisons économiques et le reste pour des raisons politiques ou autres. Avec le plan Marshall décidé par les Américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour reconstruire l'Europe, des milliers d'Algériens, par le biais de leurs communes, furent envoyés dans l'Hexagone pour aider à remettre «la mère patrie» sur les rails. Mieux encore, les autorités de la quatrième République encourageront même les regroupements familiaux. C'est surtout au Nord qu'ils seront les plus nombreux là où l'on avait besoin de bras valides pour tirer du sous-sol le charbon et la houille. Dans les grandes villes où ils n'ont droit qu'aux emplois les plus pénibles et dont ne veulent pas les Français, ils seront rassemblés dans de grands ensembles sans âme et sans vie. Sous-payés, exploités et souvent mal vus par la population qui refuse de les intégrer, les travailleurs algériens, complètement coupés de leur culture d'origine, n'auront qu'une seule satisfaction : participer financièrement à la construction de la Grande mosquée de Paris que le gouvernement a autorisée pour «services rendus par les soldats d'Afrique du Nord morts pour libérer la France». Des milliers de candidats à l'émigration éviteront par la suite le sol français pour s'installer ailleurs, en Italie, en Allemagne surtout, en Espagne et même dans des pays scandinaves moins hostiles et plus tolérants. Ce qui est certain, pour ce qui concerne notre vieille communauté établie en France, est que ses enfants ont été mieux armés, mieux préparés et plus aguerris pour affronter la société grâce à leurs études secondaires et quelquefois universitaires. C'est sans doute la troisième génération issue de cette émigration qui réhabilitera par sa compétence, son travail et son talent ses grands-parents. Déjà, des ministres d'origine algérienne font de plus en plus leur apparition au gouvernement, chose absolument impensable il y a quelques décennies. Nous citerons entre autres, Fadéla Amara, Rachida Dati, Azouz Begag, Nora Berra et M. Dahmane, conseiller personnel très prisé de Nicolas Sarkozy. Même les chaînes de télévision à grande audience comme TF1 ou France 2 ont intégré à leur personnel des journalistes et des techniciens de grande qualité issus de l'immigration. Mais au-delà de ces réussites, somme toute individuelles, ce qu'il faudrait surtout noter est que cette communauté, malgré les distances, est restée très soudée à sa patrie. Les manifestations d'octobre 1960 de nos émigrés à Paris pour réclamer haut et fort l'indépendance et pour protester contre l'insécurité dans laquelle ils vivaient, en sont une preuve. De nombreux martyrs ont laissé leur vie dans les couloirs du métro Charonne à Paris. Il ne faut pas l'oublier.