Précipitation n Les trois favoris pour l'élection présidentielle qui s'est déroulée, hier, au Gabon, ont revendiqué la victoire avant même les résultats officiels de ce scrutin. Quelques heures après la clôture du scrutin, qui s'est déroulé sans incident majeur, l'opposant historique Pierre Mamboundou s'est présenté comme le vainqueur, parlant de «victoire finale», alors qu'aucun chiffre n'avait encore été communiqué, ni par la Commission électorale nationale autonome et permanente ni par le ministère de l'Intérieur, qui coorganisent les élections. Peu après, le Parti démocratique gabonais déclarait son candidat Ali Bongo, fils du défunt Président Bongo, «gagnant» de l'élection, sans avancer de chiffres. Dans la foulée, l'ancien ministre de l'Intérieur André Mba Obame affirmait qu'il serait «proclamé président de la République» sur la foi de résultats recueillis par son équipe de campagne. «Au Gabon, on ne s'autoproclame pas président», expliquait alors «AMO», comme il est surnommé, mais «lorsque le processus électoral sera allé jusqu'au bout, la Cour constitutionnelle proclamera le candidat André Mba Obame président de la République.» «C'est une tendance lourde qui manifeste la volonté profonde du peuple gabonais pour la rupture. Donc, sauf ‘'miracle'', nous ne pouvons pas être rattrapés», a affirmé Mba Obame qui se dit en tête dans 4 des 9 provinces gabonaises, représentant 62 % du corps électoral. Selon l'ex-ministre de l'Intérieur, Mamboundou est arrivé en tête dans trois provinces sur neuf et Ali Bongo dans deux provinces. «Ce ne sont pas des sondages mais des résultats», a assuré André Mba Obame. Les Gabonais ont voté en masse hier, lors d'un scrutin à un tour émaillé d'un coup de théâtre avec l'annonce du désistement d'un favori et de tensions dans la capitale. Les opérations de vote ont commencé avec beaucoup de retard dans de nombreux bureaux, en raison notamment de l'absence de matériel électoral et de certains agents électoraux. De nombreuses files d'attente étaient visibles devant les bureaux de vote. Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le PDG, a pu profiter de la machine électorale fondée en 1968 par son père. Officiellement, le PDG a remporté toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990. Ali Bongo faisait face à 22 candidats jusqu'à l'annonce, vendredi, du désistement de cinq d'entre eux en faveur d'André Mba Obame, laissant 18 candidats en lice. La journée d'hier a été marquée par le désistement de Casimir Oyé Mba, autre favori, sans consigne de vote, deux jours après avoir démenti son ralliement à André Mba Obame. De nombreux observateurs et candidats avaient affirmé craindre des troubles post-électoraux. «Le Gabon est un pays de paix, nous sommes habitués à organiser les élections régulièrement», a estimé la Présidente intérimaire. «La démocratie, c'est accepter le succès comme la défaite.» Plus de 300 observateurs nationaux et internationaux étaient accrédités pour surveiller le scrutin. Les résultats complets devraient être annoncés mercredi.