Evénement Les festivités commémoratives du 12e anniversaire de la mort du chanteur et humaniste Abderrahmane Aziz ont débuté, hier, lundi, à la salle Mohamed-Touri de Blida. A cette occasion, le Comité des fêtes de la ville de Blida a mis sur pied, avec la collaboration du service de psychiatrie de l'hôpital Frantz-Fanon, un riche programme de festivités culturelles et artistiques qui s'étalera jusqu'au 13 février prochain. De son vrai nom Abderrahmane Ali Mira, Abderrahmane Aziz est né le 5 juillet 1920 à Alger, plus exactement à La Casbah. Dès l'âge de 7 ans, Abderrahmane Aziz est inscrit dans une école coranique à Djamaâ-Sidi-Ali à Bab Djedid où il recevra un enseignement religieux qui lui permettra par la suite de se spécialiser dans la psalmodie du Coran puis dans le chant patriotique sous la houlette du cheikh Mohamed Laïd al-Khalifa. Il travailla dans un premier temps dans une fabrique de chaussures avant de s'engager dans une carrière artistique au sein de la troupe de Mahieddine Bachtarzi. Dès 1940, il entre à la radio où il anime, hebdomadairement, une émission intitulée el-Djilalia dans laquelle il interprète des chansons religieuses. Il adhéra, par la suite, à la société el-Motribia où il découvrit, aux côtés de Mahieddine Lekhal, les secrets de la musique andalouse. Il a travaillé, ensuite, aux côtés des maîtres Dahmane Benachour et Ahmed Serri avant de s'intéresser au genre asri en interprétant plusieurs chansons du compositeur Farid Bey. Invité en 1953 par le docteur Frantz Fanon pour célébrer une fête à l'hôpital psychiatrique de Blida, le défunt artiste a réussi à enchanter l'assistance et à faire voyager les malades, jusqu'à les faire chanter en ch?ur la chanson Ya kaâba ya bit rabi. Ce fut alors l'heureuse découverte du docteur Fanon qui le recruta pour créer un orchestre et contribuer par la musique à l'insertion des malades. Abderrahmane Aziz, le chanteur, devient alors le thérapeute grâce à la psychothérapie institutionnelle et plus particulièrement la musicothérapie qui a été introduite par le docteur Frantz Fanon. Tantôt musicien, tantôt thérapeute, Abderrahmane Aziz a réussi à combiner admirablement cette double fonction et à contribuer largement au succès de cette nouvelle psychothérapie. Sans délaisser ses activités musicales et artistiques, encouragé par le docteur Fanon, il a su, au contraire, les exploiter et les mettre au service des malades de l'hôpital psychiatrique de Blida. Avec les Bachtarzi, Touri, Dahmane Benachour, Mustapha Kateb et tant d'autres artistes des années 1940-1950, il s'est épanoui dans le creuset culturel d'un peuple qui s'est révolté pour la prise en main de sa destinée.