Images n Il est 18h 30. Si à l'extérieur de la gare routière il n'y a pas un chat, à l'intérieur en revanche, une certaine animation est constatée. Ce n'est pas la grande foule certes, mais il y a du monde quand même. Il s'agit, pour la plupart, de passagers qui attendent de prendre le bus vers les wilayas du Sud notamment. C'est que de nombreux départs sont programmés après le f'tour. «Le dernier est prévu à 23h 00», nous informe un agent de sécurité de Sogral, tout en précisant que la gare «sera fermée juste après». Tous les bancs sont occupés. Certains ont été transformés en…lits par des voyageurs que le jeûne a «anéantis». L'un d'eux, tout de bleu vêtu, s'est ainsi jeté dans les bras de Morphée. Son sommeil est tellement profond qu'il ronfle ! Son «voisin de banc» n'en peut plus : il se réveille subitement et s'en va. Les passants, quant à eux, ne s'empêchent pas d'en rigoler discrètement. «Le pauvre, il doit être mort de fatigue et de faim», dit-on de bouche à oreille. A quelques mètres de là, un restaurateur tente de convaincre une famille de rompre le jeûne chez lui. «Kayène chorba, plat bel poulet ou karaâ gazouz (le plat est constitué d'une chorba, d'un plat de résistance avec du poulet et une petite bouteille de limonade», dit-il à l'adresse du père de famille qui lui répond : «Allah ibarek !» Et de l'interroger : «Et ça coûte combien ?» «Trente-cinq mille (350 dinars)», rétorque le restaurateur. De tous les fast-foods et autres restaurants que compte la gare routière, seuls trois ont ouvert leurs portes aux voyageurs en ce premier jour de ramadan. N'empêche, ils se livrent une concurrence sans merci. Chacun y va de sa…recette pour attirer le maximum de clients. Pour autant, les prix qu'ils proposent «pour un plat complet» sont identiques et varient entre 300 et 350 dinars. «Ils se sont, sans doute, donné le mot», commente avec un large sourire un jeune homme d'une trentaine d'années qui exerce comme receveur au sein d'une entreprise privée de transport. Exceptionnellement, Sogral a autorisé les restaurateurs à installer les tables et les chaises dehors à l'approche de l'adhan, donnant du coup à la gare les allures d'un grand restaurant à ciel ouvert. Plus les minutes s'égrènent, plus les lieux s'animent. C'est que les passagers qui s'étaient «réfugiés» dans le sommeil se réveillent l'un après l'autre pour aller réserver leurs places dans l'un des trois restaurants ouverts. «Cela ne sert à rien de prendre des risques, il vaut mieux payer son repas et avoir son ticket pour être sûr de rompre le jeûne», relève le jeune receveur. Une vingtaine de minutes nous séparent de l'appel du muezzin et déjà, toutes les tables des restaurants sont occupées ou presque…