Habitude n L'été n'a pas vraiment changé les habitudes des Algérois. Certes, ils sortent un peu plus que d'habitude mais ils ne tardent pas à rentrer chez eux. Ceci fait qu'Alger se couche tôt même en cette période de l'année. Place de la Grande-Poste. Il est 21 heures passées de quelques minutes en cette fraîche soirée d'août. Les cafétérias du coin, au nombre de quatre, ont toutes fermé leurs portes. Depuis plus d'une demi-heure déjà. Idem pour les autres, d'ailleurs. Assis sur l'imposant tronc d'arbre qui fait face à la Grande-Poste, des groupes de jeunes discutent de tout et de rien. A quelques mètres de là, de l'autre côté de la route, une dizaine d'enfants s'adonne à une partie de football sur le…sable fin qui y a été transporté pour servir de terrain de beach-volley. C'est ici qu'ont lieu, depuis quelques jours, les éliminatoires d'un tournoi organisé par la Direction de la jeunesse, des sports et des loisirs (Djsl) en collaboration avec la Ligue de volley-ball et l'Assemblée populaire communale (APC) d'Alger-Centre. L'initiative, la première du genre il faut bien le souligner, est louable à plus d'un titre. Mais le mieux aurait été de retarder au maximum la programmation des rencontres. Il est 21h 20 et les participants, tout comme les organisateurs et les spectateurs, ont déjà déserté les lieux. Les tribunes qui y ont été installées à l'occasion servent désormais de bancs pour quelques jeunes. «Dis donc, tu ne veux pas qu'on aille faire un tour au Square ? Je commence à m'ennuyer ici», dit l'un d'eux à son ami. Il faut dire qu'il n'y a rien à voir ici. Direction place Emir-Abdelkader. Le décor est le même : des magasins fermés, des passants de moins en moins nombreux et un éclairage défaillant. Tout n'est pas noir tout de même : la police affiche sa présence sur la rue Abane-Ramdane. A la Place Emir comme on l'appelle communément, une certaine animation est même constatée : des enfants s'y adonnent encore à leurs jeux préférés, trois femmes d'un âge avancé discutent à voix basse. Alors que deux adolescents tentent des «numéros» de vélo. Juste à côté, une femme chétive, le regard perdu, propose des cigarettes de marque…Marlboro. En face, la librairie du Tiers-Monde attend des passionnés du livre qui ne viennent pas. En revanche, le Quick situé à quelques mètres de là ne désemplit pas. A l'intérieur comme à l'extérieur, les familles sont encore nombreuses à s'attabler pour déguster un hamburger ou siroter une boisson. Au Milk-Bar d'en face, il y a moins de monde. Les tables installées à l'extérieur sont à moitié vides. «C'est cher là-bas, c'est pour ça», explique un jeune homme d'une trentaine d'années qui tient une table de cigarettes non loin du siège de l'APC d'Alger-Centre. Plus le temps passe, plus le calme s'installe. Il n'est que 21h 40 pourtant. Quand la Place Audin se jette dans les bras de Morphée… n Retour à la Grande-Poste. Les jeunes qui avaient pris place dans les tribunes installées à l'occasion du tournoi de beach-volley, ont quitté les lieux. Tout comme les enfants qui avaient improvisé une partie de football. A l'extérieur du fast-food et de la pizzeria situés à une dizaine de mètres de l'arrêt de bus, des jeunes et des familles prennent un peu d'air autour d'une pizza ou d'un plat chawarma. De temps à autre, un vendeur de thé passe avec son bakraj (théière) doré, déchirant le silence des lieux avec son «ayaw latay» (du thé, du thé) ! Ils sont trois à «exercer» ici, tous originaires du sud du pays. Il est 21h 55 à présent. La rue Didouche-Mourad est peu fréquentée. Devant la Faculté centrale, il n'y a pas un chat. N'empêche, le bureau tabac mitoyen est toujours ouvert. A l'intérieur de la brasserie d'en face, ce ne sont pas les clients qui manquent. A l'extérieur, les piétons se font de plus en plus rares. Les sans domicile fixe (SDF), des femmes pour la plupart, font leur apparition un peu partout. Visiblement fatigués, ils commencent à étaler leurs couvertures à même le sol. C'est l'heure de se coucher pour eux ! Pour les policiers qui ont dressé un barrage à la sortie du tunnel des Facultés cependant, la «journée» ne fait que commencer. Le temps passe. Il est 22h 10. La station de la Place Maurice-Audin regorge…de taxis ! Renseignements pris, c'est la société Tans Wakf créée par le ministère des Affaires religieuses qui assure la permanence. Cependant, les clients se font désirer. Pour ne pas s'ennuyer, les chauffeurs engagent de longues discussions. Contrairement à la Grande-Poste, les cafétérias, les pizzerias et autres fast-foods n'ont pas fermé leurs portes ici. Ceci même s'ils sont peu fréquentés pour la plupart. Il est 22h 25 et la place Audin semble impatiente de se jeter dans les bras de Morphée…