En ce samedi, avant-veille de l'Aïd El-Adha, il n'y a pas la grande foule à la gare routière du Caroubier, à Alger. Contrairement aux années précédentes, les passagers ne se bousculent plus pour avoir droit à une place de taxi ou de bus pour aller rejoindre leurs familles habitant dans d'autres wilayas. Ce ne sont plus les passagers qui recherchent des taxis, mais plutôt le contraire : les chauffeurs sont en quête de clients. Dès l'arrivée d'une personne ou, encore mieux, d'une famille, les chauffeurs de taxi se mettent à crier fort le nom de leur destination pour tenter de les attirer. Les passagers, pour une fois, ont l'embarras du choix d'autant que les arrêts de bus sont situés juste à côté. “Cette année, je ne me plains pas du manque de transport. Je devais prendre un taxi pour rentrer chez moi à Jijel, mais comme j'ai pu trouver une place dans un car, j'ai opté pour ce mode de transport plus économique”, dit un voyageur. Justement, la gare routière semble inhabituellement vide pour une avant-veille de l'Aïd. “Echaudés par le passé, les citoyens prennent désormais leurs devants. La gare routière a connu la foule les trois derniers jours de la semaine passée. De mercredi à vendredi, des centaines de milliers de passagers sont passés par la gare routière ou la station de taxis interwilayas”, affirme un chauffeur de car. Les passagers devant utiliser le car ne se plaignent pas, puisque même si les moyens de transport sont complets le jour, il reste beaucoup de places dans les dessertes nocturnes. “Pour une fois, je suis sûr de passer l'Aïd avec mes parents sans faire la queue. Je viens d'acheter mon billet pour Tlemcen. Je voyagerai de nuit”, dit pour sa part un voyageur qui semble ravi. La disponibilité de cars pénalise en quelque sorte les chauffeurs de taxi, dont certains devront passer la nuit à Alger pour tenter de trouver des clients retardataires, aujourd'hui dimanche. “Si je savais qu'il n'y aurait pas de passagers, je n'aurais pas fait ce déplacement. J'ai peur de rentrer chez moi à Constantine sans passagers. De toutes les manières, demain à midi je rentre chez moi avec des passagers ou vide”, affirme un chauffeur de taxi. Les autres chauffeurs saisissent cette occasion pour se plaindre des conditions dans lesquelles ils sont obligés de travailler. “Regardez bien, les passagers et nous-mêmes ne nous disposons d'aucune commodité. Depuis que la station des taxis interwilayas a été transférée ici, nous sommes obligés de travailler dans des conditions très mauvaises”, se plaint un conducteur de taxi. Ses collègues reviennent à la charge pour rappeler que maintenant que leur station se trouve à proximité de la gare routière, les passagers optent volontiers pour le bus, d'autant plus que la gare du Caroubier offre toutes les commodités. “Comment voulez-vous que les voyageurs viennent ici, alors qu'il n'y a rien ? Nous ne disposons que de deux cabinets de toilettes pour les chauffeurs de taxi et pour les passagers. Ces derniers ne peuvent même pas prendre un café ou se restaurer”, ajoute un autre conducteur. Des vendeurs de thé et de m'hadjeb (crêpes) sillonnent la station de taxis de long en large pour écouler leur marchandise. “Si nous avions des structures de restauration, nous ne serions pas contraints de manger des crêpes”, dit pour sa part un autre chauffeur de taxi. Tous les chauffeurs exhortent les responsables du secteur des transports de trouver une solution aux nombreux problèmes qu'ils rencontrent. Ils estiment que l'espace qui leur a été attribué s'avère exigu pour héberger les nombreux taxis interwilayas. Cette année, les voyageurs n'ont pas rencontré de problèmes de transport. Les usagers de la gare routière estiment que la fin des compositions dans les écoles a libéré les parents qui n'ont pas hésité à partir, même si les cours n'ont pas cessé encore dans les établissements scolaires. Djafar Amrane