De retour sur Alger, les voyageurs ont souffert le martyre hier à Tizi Ouzou et Béjaïa. A 15 heures trente minutes, hier, devant la gare routière interwilayas de la ville de Tizi Ouzou. L'endroit, habituellement paisible et calme, grouillait de monde en cette fin de journée de vendredi. Les policiers chargés de réguler la circulation sont complètement dépassés. Leur amabilité et leur patience n'ont pas suffi pour faire face à l'affluence phénoménale des automobilistes qui ne cessent de s'arrêter à proximité de la gare afin de permettre aux personnes accompagnées de descendre des véhicules. «Depuis la première heure de la journée, c'est ainsi. Cet endroit est devenu un parking, pourtant il est strictement interdit aux véhicules de s'arrêter ici», affirme le policier tout en interpellant les autres conducteurs qui ne cessent d'arriver. A l'entrée principale de la gare routière, il faut jouer des coudes pour pouvoir y accéder. Idem sur les escaliers qui mènent au quai à proximité duquel s'arrêtent les bus d'Alger. Des centaines de voyageurs sur le quai Le buraliste de la gare confie que depuis 9 heures du matin, la foule est toujours aussi dense. «C'est du jamais-vu. Même pendant les fêtes de l'Aïd précédentes, il y avait certes un surplus de voyageurs mais pas à ce point.» Notre interlocuteur n'est pas le seul à être ébahi devant les milliers de personnes qui ont atterri à la gare routière depuis la matinée. Les serveurs des cafés situés dans les alentours, expriment la même stupéfaction. Sur le quai, plus de cinq cents personnes attendent désespérément l'arrivée d'un hypothétique bus. Mais pendant plus d'une demi-heure, aucun car n'a fait son apparition. Grâce aux efforts des travailleurs de la gare routière, conjugués à ceux des services de sécurité (la police), il n'y a pas eu de débandade. Depuis cinq heures du matin plus de trente travailleurs de la gare sont sur les lieux parce qu'en pareille occasion, un surnombre de voyageurs est tout le temps prévisible. Mais cette fois, les choses semblent s'être déroulées autrement. Pourquoi? Le chef de la section «contrôle» de la gare routière explique qu'il y a deux raisons à ce phénomène. D'abord, le fait qu'il s'agisse d'un week-end prolongé. Ensuite, et c'est là la principale raison, l'autoroute reliant Alger à Tizi Ouzou est pratiquement bloquée depuis ce matin. Il y a un encombrement gigantesque entre Rouiba et Reghaïa et d'autres au niveau de plusieurs endroits, indiquent les travailleurs de la gare. Ces derniers précisent que les bus prennent beaucoup de temps pour parvenir à la gare du Caroubier d'Alger. Idem pour le retour. Pourtant, toutes les dispositions ont été prises par la direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou et la direction de la gare à la veille de la fête de l'Aïd afin de permettre la prise en charge de l'ensemble des voyageurs ce jour. Plus de trente-cinq départs supplémentaires ont eu lieu, hier, selon le même responsable. Cela, en plus des 200 départs habituels. Bien que ce soit un vendredi, les bus ont travaillé à 95% pour faire face à l'afflux. Des autorisations exceptionnelles ont été accordées aux transporteurs par la direction des transports de la wilaya. En dépit de toutes ces mesures, la situation était difficilement gérable et des centaines de voyageurs n'ont pas pu quitter Tizi Ouzou. Des dizaines de bus étaient encore attendus en fin de journée. Le dernier départ était programmé à 19 heures, selon les responsables de la gare. Un quai spécial a été dégagé pour les familles, indique-t-on. Fort heureusement, aucun incident n'a été enregistré grâce au civisme des citoyens et à la participation des services de sécurité dans la gestion de cette situation kafkaïenne. Le problème, c'est qu'aujourd'hui aussi, samedi, le même scénario sera réédité sans nul doute. Car, en plus des centaines de voyageurs qui ont rebroussé chemin hier, s'ajouteront les centaines d'autres qui ont prévu de rejoindre Alger en ce début de semaine. De retour sur leurs lieux de travail, les voyageurs ont souffert le martyre, hier à Béjaïa. Ils ont dû passer toute une journée à la gare routière. Si la fête de l'Aïd s'est globalement passée dans une ambiance bon enfant et le sacrifice accompli avec beaucoup de bonheur chez certaines familles béjaouies, le retour à la normale de tous les jours, après un long week-end prolongé, n'était pas chose facile. Une attente de quatre heures Etudiants, voyageurs et travailleurs ont été déçus hier. La gare routière de Béjaïa comme tous les grands arrêts interwilayas, était bondée, comme si les professionnels du transport avaient prolongé eux aussi leur congé. Les autorisations délivrées par la direction des transports de Béjaïa, la veille et l'avant-veille de l'Aïd, n'ont servi finalement à rien puisque la plupart des transporteurs ayant demandé ce visa n'ont pas travaillé et donc n'ont pas respecté leur engagement. Connaissant les déplacements et les mouvements de personnes, avant, pendant et après ce genre de fête, les choses n'étaient que ce qu'elles devaient être puisque les flots de voyageurs et le transport très limité hier au niveau de la gare routière de Béjaïa ont fait que la majorité était forcée de prolonger son séjour et de rater la première journée de travail. Au niveau de cette gare, qui est dépourvue du minimum de commodités, les voyageurs ne savaient pas où donner de la tête et par quel miracle ils allaient rejoindre leur destination tant les bus étaient rares toute la journée d'hier. Ces deux travailleurs, qui devaient regagner Alger, ont dû déchanter après une attente de quatre heures. Même cas pour plusieurs étudiants qui voulaient, coûte que coûte, repartir vers Alger pour passer des examens aujourd'hui. En attente depuis deux heures, plusieurs étudiantes et étudiants ne voulaient pas perdre espoir de rallier Alger même tard dans la soirée. Un espoir entretenu par des informations selon lesquelles «des bus devaient arriver». Des étudiants à l'université de Tizi Ouzou ont dû jouer des coudes pour pouvoir trouver place dans l'unique bus en partance vers cette wilaya. Les gens, en visite chez des parents et proches à Béjaïa, ont été également surpris par les mêmes difficultés que l'année dernière. Une ritournelle annuelle en somme, qui doit interpeller les autorités chargées de la gestion du transport à Béjaïa.