Il est 5 h. La nuit n'a pas encore levé son voile. Sur les quais de la gare routière de Tizi Ouzou, située à la sortie ouest de la ville, six bus se préparent pour le départ à destination d'Alger. Les premiers voyageurs arrivent et hésitent entre un autocar et un autre. « Nous partons dans un quart d'heure et le bus est presque vide », lance un chauffeur qui invite à haute voix les voyageurs à monter dans son bus. Sur les autres quais, réservés aux lignes intérieures de la wilaya de Tizi Ouzou, d'autres bus attendent, eux aussi, le départ. « Dans quelques heures, il n'y aura plus de place pour l'ensemble de ces autocars qui, pour la plupart, sortent souvent presque vides », indique un agent de sécurité de la gare. Ce dernier fait remarquer que, ces derniers temps, l'offre est trois fois plus importante que la demande. C'est ce que confirmera, à son tour, le directeur de la gare qui précise : « Chaque jour, 12 000 places sont offertes pour un nombre de 4000 voyageurs vers Alger. Les voyageurs sont gâtés mais la gare étouffe à cause du nombre important de bus. A ce rythme, il ne restera plus de place pour les 247 bus pour le seul axe Tizi Ouzou - Alger. Le nombre total des départs vers différentes destinations est de 1010 par jour, assurés par 400 bus appartenant à 283 opérateurs. Toutes les dix minutes, il y a deux autocars qui partent vers Azazga ». Cette situation n'arrange pas les affaires des transporteurs qui se livrent à une rude concurrence pour attirer les 30 000 voyageurs qui transitent chaque jour par la gare routière. Rencontrés sur les lieux, les représentants de l'association des transporteurs de bus de la wilaya de Tizi Ouzou se plaignent du manque d'espace de stationnement et de l'inexistence d'un parking à l'intérieur de la gare. « Nous sommes contraints de stationner nos bus à n'importe quel endroit en ville faute d'espace à l'intérieur de la gare », nous dit un transporteur. A l'extérieur, les chauffeurs de taxi sont constamment agressés par des délinquants qui leur exigent, à chaque fois, de payer les droits de parking, affirme-t-on. « Dans les endroits qui nous semblent un peu sécurisés, ce sont les agents de la police qui nous interdisent de nous arrêter, en attendant notre tour dans la gare », indique-t-on. Interrogé à ce sujet, le directeur de la gare routière reconnaît qu'il n' y plus d'espace de stationnement pour les bus dont le nombre augmente d'année en année. « Initialement, lors de son ouverture durant l'année 1976, la superficie de cette gare était de 20 000 m2. Aujourd'hui, il ne reste environ que 8030 m2 », déclare notre interlocuteur. Les transporteurs se plaignent aussi de l'état lamentable de la chaussée au niveau des quais de la gare où des agressions et des vols perpétrés contres les usagers sont signalés de temps à autre. A ce propos, le directeur de la gare affirme que le revêtement de la chaussée est en projet, de même que la rénovation des abribus. Pour faire face à l'importante pression qui s'exerce sur la structure, un projet de création d'une gare à Kef Naâdja, lieu de passage du chemin de fer, a été élaboré au début des années 1990. Mais il attend toujours d'être concrétisé.