Troubles n De nouveaux heurts ont éclaté pour la troisième nuit consécutive à Port-Gentil, malgré l'appel au calme d'Ali Bongo, proclamé officiellement vainqueur de la présidentielle. De nombreux habitants de Port-Gentil quittaient ce dimanche matin la ville, où un calme relatif était revenu après de nouvelles violences survenues dans la nuit de samedi. «Je préfère quitter Port-Gentil pour sécuriser ma famille», a expliqué un citoyen rencontré à un débarcadère du sud de la ville où plusieurs centaines de personnes se pressaient pour prendre des pirogues. Les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols en raison des violences et Port-Gentil, capitale pétrolière du pays, est inaccessible par voie terrestre.Placée sous couvre-feu après des violences post-électorales qui ont fait au moins deux morts depuis jeudi, dernier, Port-Gentil est devenue à nouveau le théâtre d'émeutes faisant craindre de nouveau troubles, selon une source militaire. «Nous sommes en train de disperser des pillards en utilisant des gaz lacrymogènes à Matanda», un quartier populaire situé au sud de Port-Gentil, a affirmé cette source en début de soirée. Ces groupes très mobiles ont installé des barricades sur les principales voies de cette ville pour empêcher les véhicules des forces de l'ordre de circuler. Un nombre important de militaires s'est également déployé au carrefour du Château où avaient éclaté les violences de jeudi et vendredi, selon la même source. Juste avant que n'éclatent les nouvelles émeutes, Ali Bongo avait déclaré qu'il souhaitait «absolument» que le calme revienne dans le pays. «Il faut absolument que le calme revienne sur toute l'étendue du territoire», a déclaré Bongo dans un entretien avec Radio France internationale (RFI). «Nous sommes un pays de droit et il y a donc des institutions qui sont là pour tous ceux qui ont des recours à présenter», a dit Bongo, faisant référence sans les nommer à l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame (officiellement arrivé en deuxième position) et l'opposant historique Pierre Mamboundou (3e) qui s'affirment tous deux victorieux. «Les résultats de la présidentielle sont faux», ont réaffirmé hier samedi à Libreville plusieurs candidats malheureux au scrutin. Le gouvernement gabonais a fait savoir qu'une nouvelle mission de «diplomatie préventive» au Gabon du Sénégalais Moustapha Niasse, émissaire de l'Union africaine (UA) «ne se justifie pas», affirmant qu'un calme progressif s'installait dans le pays. L'UA avait indiqué, vendredi dernier, qu'elle prévoyait «de dépêcher Niasse à Libreville dans la poursuite de ses démarches de diplomatie préventive», après une première mission effectuée du 24 au 29 août dernier. Des observateurs redoutaient de nouvelles violences au Gabon après la défaite à Libreville de l'équipe nationale de football (2-0) contre le Cameroun sous les yeux d'Ali Bongo. Mais la capitale gabonaise a été épargnée hier samedi par les violences et le calme régnait sur les grands axes de la ville.