Fief de la contestation, Port-Gentil a connu trois nuits d'émeutes et de pillages après l'annonce de la victoire d'Ali Bongo à l'élection présidentielle du 30 août. La situation revenait hier progressivement à la normale à Port-Gentil (ouest), la capitale pétrolière du Gabon, où les violences post-électorales ont fait trois morts selon les autorités. Au moment où le calme revenait peu à peu au Gabon, la France s'est défendue hier d'avoir soutenu Ali Ben Bongo lors de la présidentielle au Gabon, une accusation entendue dans ce pays et également rejetée par l'avocat Robert Bourgi, souvent présenté comme un conseiller très influent de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines. Hier matin, taxis et véhicules commençaient de nouveau à circuler dans le centre de la ville, qui est toujours sous couvre-feu et où, pour la première fois depuis jeudi soir, aucun incident n'a été signalé dans la nuit. Si beaucoup restaient encore fermés, quelques magasins, dont des pharmacies, étaient ouverts et des clients pouvaient accéder à des guichets de banques, qui n'avaient toutefois pas mis en service leur porte d'accès centrale. Dans cette partie centrale de la ville, les militaires, envoyés en renforts depuis Libreville, étaient moins visibles que la veille. Fief de la contestation, Port-Gentil a connu trois nuits d'émeutes et de pillages après l'annonce de la victoire d'Ali Ben Bongo à l'élection présidentielle du 30 août. Ces violences ont fait trois morts, selon les autorités. Mais le bilan pourrait être plus élevé, selon des témoignages encore difficiles à vérifier. Par ailleurs, niant toute implication dans le processus électoral gabonais, Paris s'est défendue d'avoir soutenu Ali Ben Bongo lors de la présidentielle au Gabon. Ainsi, l'Elysée a affirmé que la «La seule voix légitime de la France, c'est le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et son secrétaire d'Etat Alain Joyandet. Qu'est-ce qu'on a dit depuis le début? Qu'on n'avait pas de candidat». Rien ne peut laisser penser «qu'on s'est ingéré dans l'élection gabonaise», a-t-on ajouté de même source, en précisant que la France attendait désormais «que la procédure soit définitive pour reconnaître les autorités légitimes gabonaises». L'avocat d'origine libanaise «Robert Bourgi n'est pas le porte-parole, ni officiel ni officieux de la France», a-t-on aussi fait valoir à la présidence française, en relevant qu'en raison de l'âge du président français (54 ans), il avait «moins de rapport avec la famille Bongo que d'autres...» Dans un entretien accordé à la radio RTL, Robert Bourgi, considéré comme le gardien des secrets de la «Françafrique», cet ensemble de relations opaques qui lient la France à ses anciennes colonies africaines, a lui aussi assuré que Nicolas Sarkozy n'avait pas privilégié Ali Ben Bongo. «La France n'avait pas de candidat au Gabon. Elle n'est intervenue ni avant le processus électoral, ni pendant ni après», a-t-il déclaré. Le président français n'a reçu le fils du défunt Omar Bongo «qu'une seule fois en juin 2008». «C'était pendant le salon (aéronautique) du Bourget», alors qu'Ali Ben Bongo était ministre de la Défense du Gabon. Ali Ben Bongo a été déclaré jeudi vainqueur du scrutin du 30 août, une proclamation qui a provoqué des violences, en particulier dans la deuxième ville du Gabon et capitale pétrolière, Port-Gentil, où des intérêts français ont été pris pour cibles par des manifestants. Robert Bourgi a concentré beaucoup des critiques contre Paris. Il s'était présenté lui-même peu avant l'élection comme «un ami très écouté» de Nicolas Sarkozy et avait ajouté, dans le journal Le Monde, qu'Ali Ben Bongo était «le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines».