Paradoxe n Les routiers avouent que la rencontre du Sahara est à la fois source de plaisir et de galère. Si le désert offre des vues pittoresques avec ses dunes et ses oasis ainsi que ses différentes espèces animales, il n'en demeure pas moins qu'il constitue l'un des plus périlleux endroits en Algérie. Le sud du pays est une destination que beaucoup de chauffeurs routiers redoutent. Car, outre le danger lié aux piqûres des scorpions, les morsures de serpents ou encore les attaques fréquentes des renards du désert, le fait de s'égarer reste le scénario qu'ils redoutent le plus. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui se sont perdus dans cette vaste étendue désertique et il se trouve que même les plus avisés d'entre eux n'y échappent pas parfois. Il est surtout dangereux lorsque le transporteur se retrouve dans l'obligation d'emprunter une piste pour faire parvenir sa marchandise à destination. Les cas d'égarement de chauffeurs qui devaient acheminer leurs marchandises à l'une des bases se trouvant à 200 ou 300 km de la route goudronnée, sont fréquents. Car les chauffeurs qui pénètrent dans ces pistes se retrouvent dépourvus de repères et généralement quittent la piste, ce qui cause l'ensablement du camion. Dans une telle situation, si le chauffeur n'est pas quelqu'un de chevronné, seul la chance peut le sauver d'une mort certaine. Toutefois, si ce dernier, par manque d'expérience, dégonfle les roues au maximum, il créera une situation catastrophique car au premier coup d'accélérateur c'est la crevaison. Et là, c'est l'immobilisation totale du camion et le chauffeur livré à lui-même. «Dans le cas d'une immobilisation totale du véhicule à 200 km de la route goudronnée, il y a des endroits où il est très difficile qu'on vous retrouve, sauf par hélicoptère», explique Ammi Amar, chauffeur au sein de la Sntr. Un autre chauffeur, Hamid, 33 ans, employé d'une société privée, affirme que les pouvoirs publics ont peu investi pour faciliter la tâche aux routiers du sud du pays. Celui-ci nous fait savoir que non seulement les routes sont étroites ou impraticables dans certains endroits – ce qui favorise l'ensablement des camions–, mais encore les plaques de signalisation sont posées sur des barils et sans aucune fixation ce qui les fait disparaître au moindre coup de vent. «Une situation qui favorise l'égarement des chauffeurs parfois dans des régions qui ne sont pas couvertes par le réseau téléphonique et la plupart des chauffeurs ne disposent pas de GPS pour signaler leur position», explique Hamid. Des situations critiques auxquelles la Sntr, qui assure 20 à 30% du flux des transports nord-sud et 60 à 70% du flux sud-sud, a procédé à la rénovation de son parc roulant avec un matériel qui répond aux exigences du terrain et décidé d'organiser le transport en convoi. «Ainsi, si l'un tombe en panne, l'autre le dépanne. S'il s'avère que la panne est grave, nous laissons le camion sur place. Son chauffeur monte avec nous et nous informons l'une de nos bases les plus proches pour envoyer un mécanicien», explique Ammi Amar.