Résumé de la 47e partie n Depuis sa chute, Eusapia Paladino qui s'est enfoncée le pariétal, a des hallucinations et entre souvent en transe. La jeune fille – c'est maintenant une adolescente – est présentée au professeur Damiani, un spirite convaincu. Lui aussi est impressionné par les crises d'Eusapia et les lévitations qui se produisent à son contact. Il n'hésite pas à voir en elle un médium. Il dit à ses maîtres. «Cette fille est promise à un grand avenir, mais il faut lui faire prendre conscience de ses facultés médiumniques !» Il se charge de son éducation. C'est aussi, au contact du professeur, disent les mauvaises langues, qu'elle apprendra à frauder. En effet, si Daniel Dunglas Hume a été rarement pris en flagrant délit de fraude, Eusapia, elle, fraudera souvent. Cela ne veut pas dire qu'elle n'a pas de dons médiumniques, mais la fraude, comme l'ont souligné les observateurs, fait aussi partie de sa pratique. D'ailleurs, elle-même reconnaîtra qu'elle fraude de temps à autre, «inconsciemment», dit-elle, surtout quand elle n'arrive pas à produire l'effet que l'on attend d'elle. Ainsi, au cours d'une séance, elle doit faire bouger les plateaux d'un pèse-lettre. Devant des contrôleurs, elle se met en face du pèse-lettre et lève les mains au-dessus de lui. Elle secoue légèrement la main et un cheveu tombe sur la main d'un des contrôleurs, un certain M. Matthieu. Avant la fin de la séance, c'est un autre cheveu qui tombe sur la main d'un autre assistant, cette fois-ci, Mme Flammarion, l'épouse de l'astronome, et lui-même, un spirite convaincu. Ni M. Matthieu ni Mme Flammarion ne disent rien au médium, parce qu'on redoute ses colères. On croit que cette fraude a été commise inconsciemment. Mais la suite des événements allait montrer que la jeune femme était au courant. Lisons le témoignage de Mme Flammarion : «Avant le dîner, elle me dit qu'elle a mal à la tête, surtout à l'endroit de sa blessure, elle passe sa main dans les cheveux ‘'qui lui font mal'' et me demande une brosse. C'est, dit-elle, pour que dans une expérience, on ne trouve pas de cheveu. Et elle se brosse soigneusement les épaules. Je n'ai toujours pas l'air de comprendre. Mais il n'y a aucun doute qu'elle sait qu'on a trouvé un cheveu.» Dans un autre cas, Eusapia est à Varsovie, elle est l'hôte du professeur Ochorowicz, docteur en philosophie, auteur d'un ouvrage célèbre, La suggestion mentale. Il s'est intéressé au spiritisme et a été passionné par Eusapia Paladino. C'est à son propos qu'il a émis l'hypothèse de «rayons rigides» qui l'aident à soulever «par la pensée» les objets. Et en l'invitant chez lui, il veut la soumettre à certaines expériences, avec des instruments. Cette nuit-là, justement, il a posé les instruments sur une table, pour la séance du lendemain. Eusapia est dans sa chambre, mais elle en sort et, sans bruit, va jusqu'à la salle de l'expérience. Ochorowicz la surprend. Le lendemain, il lui demande ce qu'elle faisait dans la chambre. — moi, dit-elle, je n'ai pas quitté ma chambre ! — et pourtant, je vous ai trouvé dans la salle d'expériences ! — alors, j'ai fait une crise de somnambulisme. La table montre que Paladino l'a visitée. Mais Ochorowicz admettra que le médium présente plusieurs états de conscience. (à suivre...)