Prévision n Ils s'attendaient plutôt à une maigre «récolte» car l'année scolaire a été sérieusement perturbée et les programmes pédagogiques n'ont pas été menés à terme. Mais les résultats obtenus à la fin de l'exercice pédagogique 2009-2010 ont complètement faussé leurs prévisions. Les enseignants se sont, en effet, montrés surpris par les taux de réussite enregistrés aux épreuves du BEM et ceux de passage au cycle moyen. «Au vu des mauvaises conditions dans lesquelles s'est déroulée l'année scolaire, je m'attendais à une baisse importante du taux de réussite par rapport aux années précédentes. Les élèves ont été très perturbés et la plupart d'entre eux affichaient du pessimisme quant à leur de succès», affirme Ali.M, enseignant de langue arabe dans un CEM à Bordj-El-Kiffan. Selon lui, le plus optimiste des enseignants misait sur le passage de 50% des élèves au cycle secondaire. Notre interlocuteur estime que le ministère de l'Education nationale « a voulu sauver la face en facilitant les sujets d'examen et en donnant des instructions aux correcteurs des instructions afin d'être cléments ». Pour Omar.D, enseignant de mathématiques, «les élèves ont certes fait des efforts considérables afin d'être prêts pour les épreuves, mais les enseignants les ont aussi aidés notamment sur le plan psychologique». Notre interlocuteur estime que les résultats ont largement dépassé ses prévisions, lui qui s'attendait à un taux de réussite de moins de 45%. «Il est évident que lorsque l'élève n'étudie pas régulièrement durant l'année scolaire, il ne pourra pas réaliser de bonnes notes sans des examens d'évaluation. Je crois que le ministère de tutelle voulait coûte que coûte démontrer que la grève menée par les enseignants n'a pas eu des effets négatifs sur le déroulement des cours en gonflant les taux de réussite », ajoute l'enseignant. «Il faut désormais s'attendre à une baisse remarquable de niveau au cycle secondaire. Il est vrai que 66% de réussite au BEM constitue une fierté pour le ministère, mais pousser des élèves à un niveau supérieur sans qu'ils aient les connaissances requises est une grande erreur », intervient, de son côté, Saïd.L, qui a plus de 20 ans d'expérience dans l'enseignement de langue française. Il appelle les responsables du secteur de l'Education nationale à « valoriser plutôt l'aspect qualitatif, car le succès d'une réforme ne doit jamais être évalué par un nombre important des élèves admis au cycle supérieur ». Notre interlocuteur estime que la politique actuelle, basée essentiellement sur le côté quantitatif, mènera à « la baisse de niveau dans tous les secteurs, ce qui n'arrange nullement les affaires d'un pays qui aspire à se développer ». Il reste alors à espérer que les élèves admis au cycle secondaire bénéficieront d'un encadrement de qualité leur permettant de combler leurs lacunes et poursuivre normalement leurs études, concluent les enseignants interrogés à cet effet. Les filles toujours en tête ! n Ces dernières années, les filles n'ont cessé de surclasser les garçons. Les résultats de cette année n'ont pas échappé à la règle. En effet, à l'examen du BEM, les filles ont réalisé un taux de réussite de 55,25% contre 44,75% pour les garçons. Aux examens de fin de cycle primaire, la réussite des filles représente 67,06 %, alors que les garçons ont réalisé une réussite de 61,85 %. Cette situation renseigne sur l'importance accordée aux études par la gent féminine dans notre pays. Le nombre de femmes, en croissance dans les postes de responsabilité, n'est donc pas étonnant, mais c'est plutôt le résultat de leur persévérance.