Alarme 3 000 nouveaux cas d?insuffisance rénale sont enregistrés chaque année. «La prévalence du diabète, de l?hypertension artérielle et des maladies infectieuses à répétition constitue un terrain fertile pour toutes sortes de maladies rénales.» Le constat est fait par des néphrologues qui estiment que l?incidence de la maladie est de «80 nouveaux cas par million d?habitants». Ainsi, chaque année 3 000 nouveaux cas d?insuffisance rénale sont enregistrés en Algérie. Pour le professeur Tahar Rayane, responsable du service néphrologie de l?hôpital Parnet, à Hussein Dey, «la situation est dramatique et le pire est à craindre». Son service, à l?instar des 110 centres d?hémodialyses recensés à travers le pays, souffre de surpopulation. «Les malades affluent de tout bord et on trouve les pires difficultés pour les caser», avoue le professeur. Il n?omet d?ailleurs pas? de mettre le doigt sur le c?ur du problème. «Avec le déficit en matière de générateurs et de places, il va falloir recourir systématiquement à la dialyse péritonéale, qui est une sorte de dialyse faite à domicile, moins chère par rapport à la dialyse et moins contraignante pour le patient qui, en outre, aura moins de pression psychologique», ajoute-t-il. Le docteur Bouachi du même service préfère l?option de dialyse péritonéale dans la mesure où «le malade, en se soignant chez lui, se sentirait plus fort mentalement que s?il était alité à l?hôpital». Les raisons financières motivent, elles aussi, ce choix. Pour la Société algérienne des néphrologues (SAN), «un cas qui nécessite trois séances d?hémodialyse par semaine coûte annuellement la bagatelle de 65 000 DA alors que la Dialyse péritonéale (DPCA) est 30% moins chère». Le professeur Rayane et son assistante s?accordent aussi à dire que l?autre solution pour éradiquer la surpopulation dans les services des maladies rénales demeure le recours à «la transplantation rénale à partir d?un Donneur vivant apparenté (DVA) ou d?un Rein de cadavre (RDC)». Seulement pour eux, «la technique chirurgicale doit être du ressort du néphrologue et non pas du chirurgien comme cela s?effectue souvent en Algérie». Le docteur Maâchi, spécialiste de la greffe rénale à l?hôpital de Blida, abonde dans le même sens. «Le néphrologue connaît mieux que quiconque les complications post-opératoires, les problèmes du rejet et de l?immunologie», affirme-t-il. En outre, une transplantation rénale, certes risquée si l?on se fie au taux de 10% de greffés qui décèdent annuellement, coûte nettement moins cher que toute une vie passé sous dialyse «Une greffe à partir d?un DVA coûte, seulement neuf mois d?hémodialyse, autant miser alors sur la greffe», conclut le docteur Maâchi. Intervenant pour désengorger les hôpitaux, des cliniques privées ont vu le jour, nées d?un décret ministériel signé en 1990. Aujourd?hui au nombre de 16, et toutes conventionnées auprès de la Cnas, ces cliniques endiguent un tant soit peu le calvaire des malades assurés, mais commencent déjà à renvoyer des patients faute de places. Pour M Helouane, administrateur de la clinique Bonne Santé, sis à Sidi M?hamed «dans quelques mois seulement ces centres privés seront archicombles et le problème subsistera».