Les jeunes se lient également, mais leur ligature obéit à d'autres principes. Dans de nombreuses régions du Maghreb, on lie les filles qui viennent de naître pour protéger leur virginité. Parfois, la ligature intervient dans la petite enfance, vers cinq ou six ans, mais le rite s'effectue toujours avant la puberté. On utilise aujourd'hui un cadenas : on le promène, ouvert, sur les parties sexuelles de la fillette, puis on le ferme. Le cadenas et la clef sont soigneusement gardés par la mère, et ne seront sortis que la veille du mariage : on délie alors la fille, en ouvrant le cadenas. Si par malheur, dit-on, on oublie de la délier l'époux ne parviendra pas à déflorer la jeune femme. La ligature s'effectue aussi avec du fil (c'était le moyen le plus courant autrefois) : un fil est noué, puis caché, et, comme pour le cadenas, on le délie le jour du mariage. A Ouargla, le fil utilisé est un fil de soie ou de laine que la mère met entre les mains de sa fille, elle lui donne ensuite une casserole d'eau et lui demande d'y enfoncer le fil, en lui demandant de dire la formule : «Je suis fille et toi tu es fil» ce qui veut dire que la fille est comme un mur et le garçon qui tenterait d'abuser d'elle serait comme un fil mouillé. Le jour du mariage, la fille reprend le fil et le plonge de nouveau dans l'eau, en disant «je suis fil», c'est alors elle qui deviendra comme le fil mouillé et c'est l'homme qui sera mur.