L'un des sortilèges les plus redoutés des jeunes mariés est la ligature de l'aiguillette, rabt en arabe, tuqqna, iqqan en berbère, qui signifie «lier» au sens propre et métaphoriquement «empêcher les rapports sexuels». Les personnes malveillantes effectuent des gestes, comme fermer une épingle à nourrice, un cadenas, nouer un filer ou boucler une ceinture : ce geste, précédé ou non de formules, suffit à rendre impuissant le marié. Ce dernier, évidemment, au courant de ces manigances, aura pris ses dispositions. Sa mère ou sa parente la plus proche lui aura confectionné une amulette qu'il portera accrochée à son vêtement. On met aussi un nouet de sel, car le sel constitue un produit qui dissous les sortilèges. Un procédé, plus commode, consiste à réciter des versets du Coran, notamment les versets dits préservateurs. Dans le centre de l'Algérie, on met sur le seuil de la chambre nuptiale un objet en or sur lequel le marié devra marcher : la force de l'or est tirée de son nom, dhahab, qui signifie aussi, dhahaba, «partir», sous-entendu le sortilège. En Kabylie, les mariées prennent avec elles une petite courge évidée et arrangée en gargoulette, celle-ci symbolise la femme, prête à recevoir l'homme, elle représente aussi, en raison des nombreuses graines que contient la plante, la fécondité.