La ligature de l'aiguillette – en d'autres termes l'impuissance du marié –, est vécue comme un drame, non seulement par le concerné mais aussi sa famille, ainsi que par la famille de la jeune fille. Le jeune homme pourra toujours dire, pour cacher son impuissance, la faute est due à la jeune femme pour dire qu'elle n'était pas vierge. Mais en général, l'incapacité de l'époux est reconnue et on l'impute toujours à un acte de magie malveillant. Quand des soupçons portent sur des personnes connues pour leur hostilité, on les force à «dénouer» l'aiguillette. A Alger, on place une enclume sous les pieds du marié, et, avec un marteau, on donne un coup, comme pour briser le sortilège. Dans la plupart des cas, on va, dans la nuit même, consulter un taleb qui écrira une amulette ou confectionnera un breuvage. A Ouargla, le taleb se livre à un tour de passe-passe magique : «(Il) prend son brûle-parfums et y jette du séneçon. Prenant son chapelet, il le parcourt trois fois. Il tend la main en l'air et la ferme. Lorsqu'il la rouvre, il fait apparaître l'objet qui a servi à lier, il le montre au garçon d'honneur (du marié), puis, le dénouant devant lui, il lui dit : C'est untel qui l'a lié. Le garçon d'honneur se retire. Dès lors, le marié est délié».