Le 17 octobre 1961 restera une date liée à la répression sanglante qui a suivi une manifestation pacifique de milliers d'Algériens sortis dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu décrété par le préfet de police de l'époque. Maurice Papon, qui a déjà exercé ses talents de tortionnaire à Constantine, a appliqué dans la capitale française, des méthodes depuis longtemps en vigueur en Algérie. Il a décidé, avec l'aval des autorités politiques, d'imposer un couvre-feu aux seuls Algériens, poussant le FLN à organiser plusieurs rassemblements pacifiques en plusieurs endroits de Paris pour protester contre cette mesure raciste. L'appel du FLN a été suivi par les Algériens qui étaient près de 30 000 à manifester ce jour-là, selon un très officiel rapport du conseiller d'Etat, D. Mandelkern, achevé en janvier 1998, qui indique que 14 000 personnes ont été arrêtées puis détenues au palais des Sports, au parc des Expositions et au stade Coubertin, notamment, transformés en centre de détention. Dans ces lieux, les Algériens sont parqués dans des conditions effroyables, battus et longtemps laissés sans soins, particulièrement les blessés ou les malades. La barbarie des forces de police a atteint son paroxysme dans la nuit du 17 octobre et les jours suivants, au cours desquels une véritable chasse à l'Arabe a été menée. Des enquêteurs et des historiens avancent le chiffre de près de 200 manifestants frappés à mort, tués par balles et noyés dans la Seine après y avoir été jetés par des policiers. Le nombre de disparus est également élevé. Le sort réservé à des dizaines d'Algériens n'est pas connu jusqu'à présent, comme le signale l'historien Jean-Luc Einaudi. Ces massacres ont été prémédités et minutieusement préparés. Selon l'historien Olivier Le Cour Grandmaison. Papon avait ordonné que les manifestants les plus actifs soient «abattus sur place». Les forces de police n'ont essuyé aucun coup de feu, contrairement aux rumeurs colportées pour justifier le massacre au moment même où il se déroulait. 48 années après ces massacres, de nombreuses ONG, associations et formations politiques ne cessent de réitérer leurs revendications dont, la reconnaissance officielle de ces crimes d'Etat.