Une rue de la Courneuve, en Seine Saint-Denis, (région parisienne) porte désormais le nom de « 17 Octobre » pour rendre hommage aux victimes du massacre de centaines d'Algériens à Paris et en banlieue, ce jour de l'an 1961, et « dénoncer ce crime d'Etat ». La plaque qui porte le nom de cette rue et explique cette répression sanglante ayant transformé en un bain de sang une manifestation pacifique de milliers d'Algériens à Paris et dans sa proche banlieue pour protester contre le couvre-feu décrété par le préfet de police de l'époque, Maurice Papon, a été dévoilée hier lors d'une cérémonie à laquelle ont participé, aux côté du maire de la Courneuve, Gilles Poux, et du consul d'Algérie à Bobigny, Benkhaïra Benbouali, des responsables de plusieurs associations, dont le collectif courneuvien Octobre 1961. Ce dernier a contribué à la concrétisation de cette initiative intervenant dans le cadre de la commémoration du 44e anniversaire de cette date. Après le dépôt de gerbes de fleurs suivi d'une minute de silence observée par l'assistance à la mémoire des victimes de ces massacres, Gilles Poux a exprimé son émotion en dévoilant la plaque qui « rappelle le crime commis le 17 octobre 1961 et si longtemps occulté », a-t-il souligné. Il a ajouté que cette date « constitue un pic dans la répression qui sévissait depuis des années en France à l'encontre des Algériens ». « Les manifestants venus réclamer le respect de leur dignité par la levée des mesures racistes dont ils étaient l'objet ont été frappés, piétinés, lynchés sur ordre du préfet de police (Maurice Papon). Des Algériens seront ligotés et jetés dans la Seine du pont Saint-Michel », a-t-il rappelé pour situer l'ampleur de ce massacre. Saluant le travail du mouvement associatif courneuvien, dont le Collectif 17 octobre 1961, ayant permis l'aboutissement de cette initiative, il a relevé que des actions pour « faire connaître ce qui s'est passé le 17 octobre 1961 s'inscrivent dans un travail de mémoire engagé afin de faire agir en faveur de la paix, du respect des droits de l'homme ». Ce travail est plus qu'utile, en témoigne la loi du 23 février 2005 qui stipule dans son 4e article « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». « Selon moi, les programmes scolaires devraient aujourd'hui reconnaître ‘'la période coloniale'' ses atrocités, le 17 octobre comme un crime contre l'humanité mais également réaffirmer le droit à l'autodétermination des peuples », a soutenu le maire de la Courneuve. Dans une déclaration à l'APS, il a indiqué qu'en inaugurant cette plaque et baptisant cette rue au nom du 17 Octobre 1961, il a souhaité « lever le voile qui couvre cette période, avec une responsabilité majeure de l'Etat français qui nie encore aujourd'hui, puisqu'il refuse de reconnaître la réalité de ses responsabilités ». Concernant la loi, il a estimé que « c'est extrêmement préoccupant ces résurgences ». Il faut que « tous les démocrates se mobilisent pour faire en sorte que cette loi soit abrogée », a ajouté Gilles Poux. A. P. S, R.N.