Patience n En attendant un éventuel recrutement, certains diplômés reprennent le chemin de l'université. Les diplômés universitaires qui n'ont pas eu la chance d'entamer une carrière professionnelle dès la fin de leurs études, se trouvent dans une situation de grand embarras. Il ne leur reste, en effet, que deux options : travailler dans n'importe quel domaine ou retourner à l'université. Et une bonne partie opte pour la deuxième solution, préférant consolider leurs connaissances en attendant une meilleure offre d'emploi. Avec la difficulté de décrocher un travail ces dernières années, il n'est pas rare de croiser des étudiants beaucoup plus âgés que leurs camarades. C'est devenu un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur, notamment chez la gent féminine. Nawel et Sabrina sont diplômées en sciences de l'information et de la communication depuis 2005. N'ayant pas trouvé un emploi, malgré de nombreuses tentatives, elles ont décidé de refaire à nouveau leur cursus universitaire dans une autre spécialité. «Réussir dans un concours de recrutement est devenu un miracle dans ce pays. Et le plus étonnant est que les questions posées sont à la portée de tout le monde, alors que les résultats sont catastrophiques. Après cinq concours sans réussite, j'ai décidé de reprendre les études», témoigne Sabrina. Sa camarade Nawel a, quant à elle, échoué à plus d'une dizaine de concours. «Je me suis même déplacée dans d'autres wilayas, en vain. Ez'har makach (pas de chance)», se désole-t-elle. Les deux amies ont alors décidé de s'inscrire, en 2008, à la faculté des lettres et des langues de Bouzaréah. Leur choix : langue et littérature anglaises. «Heureusement que nous avons deux baccalauréats chacune. Nous avons choisi l'anglais car c'est une langue qui va nous ouvrir de nouveaux horizons, notamment avec la venue en force des investisseurs étrangers», affirment-elles, optimistes. Nos interlocutrices ajoutent qu'elles ne sont pas les seules dans cette situation. «Dans notre promotion, le nombre de diplômés dans diverses spécialités représente au moins 10%», souligne Sabrina. Les hommes ne sont pas en reste. Ils optent pour la solution «wait and see». Attendre une bonne opportunité de recrutement et voir. L'attente, pour certains, ne signifie nullement rester bras croisés. Les études constituent l'occupation idéale pour certains. Nadir, 32 ans, est toujours étudiant à la faculté des sciences économiques de Dély-Ibrahim. Ayant déjà obtenu deux licences (langue française et psychologie), il est contraint de poursuivre ses études. «Décrocher un emploi stable s'apparente à une utopie. Mes deux premiers diplômes n'ont servi à rien. J'ai préparé des dizaines de dossiers, participé à des dizaines de concours, en vain. J'ai alors décidé d'étudier l'économie, ce sera, peut-être, la clé qui m'ouvrira les portes du travail», soupire notre interlocuteur. Pour son argent de poche, il donne des cours de français dans des écoles privées. Cette réalité est perceptible aujourd'hui dans le domaine professionnel où l'on constate que plusieurs cadres ont deux diplômes et plus. Mais, ils n'ont été recrutés qu'à un âge «avancé»… !