«C'est qui ?» C'est par ces mots qu'en juin 2001, dans une ambiance polaire, la rédaction de France 2 accueille l'arrivée de David Pujadas. Le jeune journaliste (alors âgé de 36 ans) est pourtant précédé d'une réputation plutôt flatteuse : il a égratigné Bernard Tapie sur TF1. Exilé sur LCI en raison de son impertinence, il a montré des qualités d'interviewer incisif. Deux ans et demi plus tard, l'équipe de France 2 a appris à le connaître. Et elle ne mâche pas ses mots : «Arrogant», «Abrupt», «Il veut aller trop vite et ne fait attention à rien ni à personne.» Pour de nombreux journalistes, Pujadas est le symbole de la «LCIsation de France 2». Lui qui, en arrivant, voulait apporter «un changement de style : de la pédagogie, une façon directe d'aborder l'actualité, avec des vraies ruptures de rythme, des surprises, des coups, des enquêtes...», voit ces belles idées se retourner contre lui. Pourtant, à ses débuts, Pujadas, notamment à l'occasion du 11 septembre, est loué de toutes parts, au point d'inquiéter TF1 ; France 2 est, sur le coup, réactivée. Le 20h gagne des points. Mais la lune de miel ne dure pas, les accrocs avec la rédaction se multiplient. En novembre 2002, France Télévisions est en grève. Un piquet bloque le 20h. Pujadas demande qu'on lui laisse faire «son» journal. La réplique fuse : «Ce n'est pas "ton" journal, mais celui de la rédaction !»