L'annonce des mouvements provoqués par la bourde de Pujadas a été faite, mercredi matin, à la rédaction, dans le studio du 20h, par Mazerolle himself, «ému jusqu'aux larmes avec des trémolos dans la voix», selon un témoin. «Il a dit qu'il assumait pleinement cette faute en tant que directeur de l'information et que la rédaction devait continuer à travailler. Il a aussi demandé à David Pujadas de changer d'attitude et d'être plus proche des équipes. Du coup, Pujadas a fini en larmes lui aussi.» Le présentateur était également visé par la motion de défiance qui comportait deux questions : «Accordez-vous toujours votre confiance au directeur de l'information ?» et «Accordez-vous toujours votre confiance à l'équipe du 20h ?» Une question qui a obtenu 69 % de réponses négatives. Au-delà de la bourde du «retrait» d'Alain Juppé, Pujadas paie, selon plusieurs journalistes de France 2, la «course à l'échalote» contre TF1 dans laquelle il a engagé le JT de France 2 depuis son arrivée en septembre 2001. «Il était temps de donner une leçon à cette équipe qui est d'une arrogance absolue», souligne un journaliste du service politique. Lors de la conférence critique qui a suivi le fameux 20h du 3 février par exemple, Mazerolle a reproché à sa rédaction le fait que Juppé ait choisi TF1 : «Il nous a dit que nous n'étions pas assez gentils avec les hommes politiques», raconte un témoin. Des journalistes du service politique se plaignent d'être devenus, sous Mazerolle, «des porte-micros» taillables et corvéables à merci : «On a vraiment du mal à faire passer des sujets de fond sur la politique, c'est facile de rigoler sur les oreilles du président, mais la politique c'est autre chose.» Pour parachever le tout, Marc Tessier, président de France Télévisions, et Christopher Baldelli, directeur général de France 2, ont été convoqués au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) afin de leur rappeler l'obligation d'«honnêteté de l'information» inscrite au cahier des charges des chaînes publiques. Un rendez-vous qui, selon plusieurs sources, «s'est mal passé». Le CSA, lui non plus, n'a pas digéré la lenteur du mea culpa de Mazerolle, ni celle des sanctions prises. Son président, Dominique Baudis, n'a sans doute pas oublié que France 2 avait laissé passer une interview fantaisiste sur l'affaire Alègre au printemps.