Sanction Démission et bonnet d'âne. Telles sont les conséquences de la motion de défiance massivement votée mardi dernier par la rédaction de France 2. Olivier Mazerolle, directeur de l'information, a présenté sa démission, qui a été acceptée par Christopher Baldelli, directeur général de France 2. Le présentateur du 20 heures, David Pujadas, est, quant à lui, suspendu pour deux semaines. Même sanction pour le rédacteur en chef du 20 heures, Pascal Guimier, et son rédacteur en chef adjoint, Jean-Michel Carpentier. Ainsi se clôt provisoirement la crise déclenchée par l'énorme bourde commise le 3 février par Pujadas, sous la responsabilité de Mazerolle. Ce soir-là, alors que sur l'écran s'inscrit le titre : «A. Juppé, le retrait», Pujadas entame son 20 heures en annonçant que le maire de Bordeaux quitte la vie politique. Suivent plusieurs sujets, quasi nécrologiques. A 20h 14, sur TF1, Juppé dévoile qu'il conserve tous ses mandats. A France 2, plusieurs télés ? en régie et au service politique ? sont branchées sur TF1. Face à l'évidence, Pujadas annonce que Juppé va «prendre du recul», puis, tout de même, qu'il «conserve ses mandats». Ce qui n'empêche pas le présentateur de clore le journal sur le «retrait» de Juppé. Mais, précise-t-il, il s'agit d'«un retrait progressif, un retrait partiel et surtout un retrait qui n'est pas définitif»... Catastrophe. Que s'est-il passé ? A la conférence du 20h, le mardi après-midi, Pujadas assène : «On va annoncer que Juppé s'en va.» Personne ne moufte. Aujourd'hui, nombreux sont les journalistes qui le regrettent amèrement. A leur décharge, ce mardi après-midi, tout laisse croire ? et tout le monde croit ? que Juppé va se retirer. Mazerolle expliquera même que, quelques minutes avant le 20h, il a eu au téléphone une source sûre lui confirmant le retrait. Du coup, le directeur de l'information écarte le prudent titre «A. Juppé, une décision difficile» préparé dans la journée. Dès le lendemain, Pujadas présente ses excuses aux téléspectateurs pour une «erreur d'interprétation». Mais Mazerolle campe sur ses positions : «Au début de ce journal, David Pujadas a parlé de retrait progressif et non pas de départ.» Il maintient que France 2 n'a pas eu tout à fait tort puisque Juppé quittera la présidence de l'UMP à l'automne. Mais, au sein de la chaîne, les journalistes sont «consternés». «C'est la honte !», répètent-ils. L'entêtement de Mazerolle à nier la faute les excède. Le vendredi, réunis en AG, ils décident de mettre au vote une motion de défiance. Mazerolle attendra trois jours et l'Hebdo du médiateur de France 2, samedi, pour faire son mea culpa. Mais, de la même façon que David Pujadas annonçait, le 3 février, que le retrait de Juppé serait «progressif», la démission de Mazerolle ne prend pas effet immédiatement. Il devrait, en effet, assurer l'intérim de sa fonction de directeur de l'information jusqu'aux élections régionales des 21 et 28 mars. On ne connaît pas encore le nom de son successeur. De même, selon un communiqué de France Télévisions, le président Marc Tessier «souhaite qu'il continue à animer les émissions 100 Minutes pour convaincre et Question ouverte, dont il est l'initiateur». Sarcastique, un journaliste de France 2 s'interroge : «Quand on va annoncer le résultat des élections, le téléspectateur ne va-t-il pas être tenté d'aller vérifier sur TF1 que c'est le bon ?» Pour un autre, «Mazerolle n'a plus aucune crédibilité pour interviewer un homme politique, il doit arrêter de faire de l'antenne». Une solution serait envisagée : laisser France 3, dont c'est la spécialité, prendre en charge la soirée des régionales et assurer un service minimum sur France 2.