Les étudiants de l'Institut des langues étrangères de Bouzaréah achèvent leur deuxième semaine de grève et se disent déterminés à aller jusqu'au bout de leur action. Leurs revendications sont principalement d'ordre pédagogique. Le rectorat se dit disposé à engager un dialogue et à prendre en considération les doléances des étudiants, mais pour l'heure et selon ces derniers, rien de concret n'a été fait. Ils étaient hier, plusieurs centaines d'étudiants de l'Institut des langues étrangères, à l'université de Bouzaréah, à avoir paralysé la faculté. «L'université appartient aux étudiants non à l'administration et aux enseignants» «Vive l'auto-organisation», tels étaient, entre autres, les slogans scandés par les manifestants. Ce mouvement de protestation a été conduit par le comité autonome provisoire de l'Institut des langues étrangères (ILE), créé pour la circonstance. Il s'est mobilisé dès le 20 octobre en tenant un rassemblement à l'intérieur de l'université. Résultat : fermeture du département et annonce d'une grève généralisée et illimitée. Les étudiants se disent déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à la satisfaction pleine et entière de leurs revendications. Outre, disent-ils, de mauvaises conditions sociopédagogiques, ils dénoncent le système de quotas retenu comme norme de passage, le manque d'encadrement et de moyens pédagogiques qui ont entraîné l'échec de plus d'un, sans oublier le problème épineux de l'insécurité. Ils réclament en outre, la vulgarisation du règlement intérieur, l'affichage des noms et des moyennes initiales des étudiants admis par rachat, l'instauration du système des dettes en ce qui concerne les modules ainsi que la participation des représentants des étudiants dans les conseils pédagogiques. Voilà en tout cas, les différents points qui ont été soulevés par ces meneurs de grève qui, jusqu'à aujourd'hui, n'ont reçu aucun écho favorable à leurs attentes. Pis encore, témoigne un membre du comité, les responsables de l'institut nous ont répondu par des menaces de poursuites judiciaires, par des intimidations et des insultes. «Ils nous ont tourné le dos», lance un autre membre du même comité. Certains étudiants affichaient des mines déconfites. «C'est quasiment inadmissible de réorienter un étudiant déjà en 3e année, voire en fin d'études», s'insurge un étudiant de 4e année français. «Moi je suis victime d'un laisser-aller. A cause de la perte de ma feuille de synthèse, j'ai été obligé de repasser les examens de rattrapage», dit, pour sa part, un étudiant de 3e année anglais qui insistait pour que son témoignage soit publié. Présent sur le lieu, un enseignant de français dira : «J'estime que les étudiants ont raison à plus de 50%. Depuis des années nous travaillons dans des conditions lamentables, du fait du manque et de la détérioration des salles de cours.» Un autre enseignant en sociologie exprime son inquiétude : «Cela fait presque quinze jours, que cet arrêt de cours a été décidé. Y a-t-il une volonté de pousser vers le pourrissement ou bien faut-il parler d'une démission généralisée ? Il serait peut-être temps d'ouvrir un dialogue avec les étudiants pour trouver une voie de sortie.» Un avis partagé par le nouveau doyen qui vient d'être nommé et qui se dit prêt à écouter ces étudiants dès son installation. En attendant, le chargé de communication du rectorat a essayé d'apaiser la situation en prévoyant une deuxième réunion qui regroupera les responsables des deux parties. La première n'ayant abouti à rien de concret.