Une semaine pour le moins houleuse vient de s'ouvrir à l'université de Bouzaréah, à l'Institut des langues étrangères plus précisément. La rentrée est loin de se dérouler dans le calme et la sérénité. Un mouvement de contestation s'organise pour montrer du doigt les nombreuses failles de l'université algérienne. Les étudiants se sont mobilisés massivement très tôt dans la matinée d'hier et ont entrepris des mesures radicales pour se faire entendre. Amina, étudiante au département de français l'explique : «Il y a plein de choses anormales qui s'y passent et on ne veut plus les subir.» Première anomalie dont parlent ces jeunes grévistes indépendants, la réorientation de plusieurs étudiants inscrits au département d'anglais, dont certains ont même atteint la dernière année de licence. «Ce n'est pas normal qu'arrivé en quatrième année, un étudiant se retrouve réorienté parce qu'il n'arrive pas à avoir son année», explique Leïla, assise sur une table qui bloque l'entrée de l'ILE. Et d'ajouter : «Les enseignants sont trop sévères, certains ne corrigent même pas les copies et donnent de mauvaises notes sans se casser la tête.» De leur côté, les enseignants n'ont pas manqué de condamner la façon de faire de ces étudiants qui n'ont pas hésité à cadenasser les portes de l'ILE et à enfermer certains professeurs. Pour eux, c'est le niveau général très bas des étudiants qui est à mettre en avant. Le chef de département de français s'est étonné de ce genre d'attitudes extrêmes alors que le dialogue est ouvert avec les étudiants, a-t-elle assuré. Mais les étudiants ne l'entendent pas de cette oreille. Ils ne croient pas au dialogue mais plutôt aux moyens plus radicaux, tels que empêcher tout accès à l'ILE en cadenassant les portes, pour voir leurs revendications aboutir. Pour ce faire, ils ont organisé une assemblée générale pour créer le comité autonome provisoire de l'ILE et promettent de la ténacité et de l'action pour avoir gain de cause. Leurs revendications en 12 points : «La suppression de la réorientation, l'affichage du corrigé type après chaque épreuve, la révision de la moyenne exigée pour le rachat, l'affichage des noms et des moyennes initiales des étudiants admis au rachat, la vulgarisation du règlement intérieur, la suppression du système de quotas, le droit au rattrapage et à la synthèse à tous les étudiants sans conditions, l'instauration du système de dettes, la présence des représentants des étudiants aux conseils pédagogiques, l'allongement du temps de travail (cours- examens), la sécurisation des départements et de l'université en général, et, enfin, le respect des étudiants.» Bras de fer à suivre ! F. B.