Y a-t-il quelqu'un pour éteindre le brasier sur lequel est assise depuis quelque temps l'université Mouloud- Mammeri de Tizi Ouzou ? Ce ne sont, de toute façon pas les responsables de cette même université qui continuent de faire la sourde oreille au moment même où le mouvement de protestation enclenché par les étudiants ne cesse de prendre de l'ampleur. Hier encore, des milliers d'étudiants se sont rassemblés devant la bibliothèque du campus Hasnaoua pour se solidariser avec leurs camarades du département de français dont quatre étudiants occupent le bureau du chef du département où ils observent une grève de la faim depuis maintenant six jours. Certes affaiblis par l'effet de ces six jours de grève, qui ont même affecté la santé de deux d'entre eux, mais, de leurs lits de fortune, les quatre étudiants en question ne cessent de réitérer leur détermination d'aller jusqu'au bout. “Jusqu'au départ du chef du département”, “Jusqu'à la réhabilitation et l'assainissement de la pédagogie…” Bref, “jusqu'au changement”, disent-ils. “Nous sommes déterminés à aller de l'avant jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites”, dira un des grévistes. La détermination du groupe est loin de laisser indifférents le reste de leurs camarades des autres départements de l'université de Tizi Ouzou dont 15 étudiants ont déclaré se joindre à la grève de la faim dès aujourd'hui. Au département de français, la situation est plus critique. La colère a encore monté d'un cran, hier, à l'annonce de l'aggravation de l'état de santé de leurs camarades grévistes par des médecins venus les consulter. Les étudiants ont décidé d'arrêter les cours qui se poursuivaient jusque-là normalement, pour se rassembler devant les bureaux administratifs qu'ils ont immédiatement décidé d'occuper jusqu'à satisfaction de leurs revendications. “Halte au bricolage”, “Arrêtons le naufrage de l'université de Tizi Ouzou”, est-il écrit sur des banderoles accrochées sur la façade principale du département comme pour interpeller l'administration qui ne se sent, jusque-là du moins, pas du tout concernée par ce qui se passe à l'université. Mais, au même moment, les étudiants comptent encore élargir leur mouvement de protestation et passer à d'autres actions telles que la fermeture de toute l'université si l'administration ne venait pas à réagir d'ici la fin de la semaine. Samir LESLOUS