Après un débrayage qui dure depuis une semaine, les étudiants de l'ex-IAP refusent de passer les examens programmés. Le mouvement de protestation, initié par des étudiants de l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle à Es-Sénia (ex-IAP), s'est poursuivi hier. Les étudiants persistent dans leur refus de passer les examens programmés hier au niveau de cet institut. Le blocage des examens semble être l'ultime recours, selon les protestataires, pour faire aboutir leurs revendications. Les délégués des étudiants ont d'ailleurs fixé un ultimatum au rectorat pour entamer un dialogue de nature à débloquer la situation, faute de quoi le mouvement de protestation se poursuivra. En procédant au blocage de l'accès à l'IMSI, rattaché à l'université d'Es-Sénia, les 1 200 étudiants réclament des solutions urgentes à leurs problèmes. En effet, cette situation de dégradation a poussé les étudiants de l'institut à s'engager dans une grève illimitée depuis une semaine. Sur place, les délégués des étudiants nous ont fait visiter leurs salles de cours qui ont l'air de hangars : des plafonds en amiante avec des fuites dans la toiture… “Par temps de pluie, il est impossible de rester en salle pour y travailler”, nous expliquent nos guides. Des plaques de faux-plafond manquent dans de nombreuses salles laissant apparaître les structures de la charpente, des interrupteurs cassés et des fils électriques dénudés, des salles exiguës, des chaises et des tables en nombre insuffisant. Dans la salle de dessin, de simples tables d'amphi qui ne permettent pas aux étudiants de travailler, des tableaux troués... Les délégués des étudiants nous expliquent qu'il ne leur est plus possible de suivre les cours dans de telles conditions. Ils dénoncent le manque de moyens, de matériel et d'équipement : “Nous devons aller à l'Enset où à l'USTO pour faire nos travaux pratiques. Il y a aussi le problème des stages qui sont insuffisants pour nos spécialités de maintenance et de sécurité industrielles. Nous ne pouvons pas nous contenter de la théorie”, précisent des étudiants. La grève et le blocage des examens sont maintenus sauf pour les étudiants en fin de cycle. Le vice-recteur de l'institut, que nous avons également rencontré dans son bureau, dit ne pas comprendre les étudiants. “Certes, leurs revendications sont légitimes, mais j'ai tenu avec eux quatre réunions. Il y a les procès-verbaux où nous nous sommes engagés à prendre en charge leurs problèmes. Ne pas passer les examens, ce n'est pas une solution. Pour le court terme, nous allons voir avec les autres établissements universitaires pour qu'ils puissent passer leurs travaux pratiques mais dans l'immédiat, nous ne pouvons résoudre la question du matériel. Nous essaierons de trouver des solutions sur le long terme. Il faut savoir que dans le domaine des sciences expérimentales le matériel est extrêmement onéreux et nous n'avons qu'un simple budget de fonctionnement. Cette année, nous avons pu installer des micro-processeurs, l'année prochaine nous essaierons d'aller plus loin mais les étudiants doivent comprendre que nous nous efforcerons à terme d'améliorer la situation.” Dans le bureau même du vice-rectorat des traces de fuites sont apparentes ! À l'évidence, l'état d'abandon et de dégradation ne date pas d'aujourd'hui, il semble correspondre à un long désengagement et désintéressement pour cet institut. Pourtant, ce dernier forme des techniciens et des ingénieurs en maintenances industrielle et en sécurité industrielle, deux spécialités très demandées sur le marché industriel et dans le secteur des hydrocarbures. D'ailleurs, de nombreuses sociétés étrangères ont très largement investi ce secteur. Il y a quelques jours à peine des hommes d'affaires russes disaient clairement à Oran qu'ils envisageaient d'installer un grand centre de maintenance industrielle. Ainsi, pourquoi l'ex-IAP est-il à ce point délaissé au grand dam des étudiants qui attendent du rectorat d'Es-Sénia et du ministère de tutelle des réponses et des solutions urgentes à leurs revendications. F. BOUMEDIÈNE