Réalité n Notre incivilité n'est ni un mythe ni une vue de l'esprit. Nous la partageons comme un gène commun que nous porterions depuis notre naissance. C'est presque un deuxième ADN dans lequel on s'identifie sans complexe. Un exemple entre tous, celui des transports en commun. Prenons le chauffeur et le receveur. Malgré une pancarte écrite en français et en arabe et qui plus est, bien en vue au-dessus de sa tête, le chauffeur du bus ne se contente pas d'être mal rasé, mal habillé, parfois même mal boutonné, il fume comme un pompier, boit du café, raconte sa vie aux passagers et lorsqu'il croise sur le trajet un collègue, s'arrête carrément dans l'avenue et taille un brin de bavette avec lui, histoire de se communiquer les dernières nouvelles. Et lorsqu'il sent un petit creux à l'estomac, il gare son véhicule près d'un marchand de quatre saisons, descend, passe commande et récupère son repas au retour de la rotation. Pas un seul citoyen ne réagit, ni ne rouspète. Le receveur, lui, n'a rien à envier à son co-équipier. Il est généralement tout aussi débraillé, une indécrottable casquette vissée sur la tête. Aucune tenue ne le distingue des voyageurs. C'est lui qui décide des arrêts même quand il n'y en a pas sur le parcours. Il est même arrivé qu'il décide d'un arrêt en plein embouteillage avec tous les risques que cela peut provoquer. Et puisque nous parlons de transport, le reste des automobilistes, à quelques exceptions près, est logé à la même enseigne. Et il faut croire que l'espèce en question détient tous les droits comme celui de doubler en troisième position, de griller les feux rouges, de garer sur un trottoir et même au beau milieu de la route, moteur en marche… pour faire une photocopie. Pour arriver plus vite à leur destination, éviter les encombrements et gagner du temps, certains automobilistes n'hésitent pas à prendre un sens interdit en sachant pertinemment qu'ils gêneraient les voitures venant en sens inverse. Avec un minimum de civisme, le Smig même, on évite à soi et aux autres bien des déboires et bien des risques inutiles. Et nous ne parlons pas des rodéos que l'on voit tous les jours sur nos routes, surtout en période de pointe comme les bus qui font la course à qui arrivera au terminus le premier, les camions de gros tonnage qui roulent pédales à fond pour doubler quelques voitures légères, comme enfin les tracteurs qui accaparent toute la chaussée. Et ce n'est pas fini…