Départ n Le Mouloudia d'Alger se retrouve sans entraîneur depuis hier. Le coach Alain Michel a décidé de quitter définitivement le club pour aller au Qatar pour driver l'équipe d'Al-Shamal. InfoSoir : Votre présence à l'aéroport s'explique par une importante décision que vous venez de prendre. Pouvez-vous confirmer votre départ ? Alain Michel : Oui je le confirme. Je quitte définitivement le MCA. Croyez-moi, c'était très difficile pour moi de prendre une telle décision. J'ai trop attendu sans rien voir venir. C'est le résultat d'une grande déception à tous les niveaux. Ma patience a des limites. Le club est en difficulté permanente dans tous les domaines et personne ne daigne lever le petit doigt pour essayer de trouver les solutions adéquates. Il existe un large fossé entre mes convictions et le plan organisationnel ou financier du club, je ne peux aller au-delà. J'ai senti que nous sommes les otages d'une situation qui ne cesse de se dégrader. Il fallait s'attendre à une implosion à tout moment. J'ai essayé de concilier tout le monde autour d'un projet ambitieux, mais je n'y peux rien devant cette situation d'impasse, il n'existe aucune volonté de faire sortir le club de la crise, ce qui m'a poussé à décider de partir. Vous avez menacé de partir par le passé, peut-on dire que cette fois est la bonne ? (Emu, Alain Michel écrase une larme). Depuis le match face à la JSMB, je savais que c'était le dernier pour moi à la tête de cette équipe. Cela n'a pas été facile. Le football est une aventure humaine et les aventures ont souvent une fin. Cela me fait de la peine de voir que ce que nous avons fait depuis 14 mois s'achève de cette manière. Lorsque je suis arrivé, l'équipe pataugeait dans les profondeurs du classement. Regardez maintenant, d'une dernière position nous sommes parvenus à la place incontestable de leader, c'est énorme comme performance malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées. Ce n'est pas de gaieté de cœur que je pars. On m'a poussé à partir. Mais pourquoi à ce moment précis ? Vous savez, il existe deux façons de rompre une relation professionnelle. La première, c'est qu'on vous demande de dégager, ou alors quand vous ressentez que vous avez tout donné sans pour autant recevoir le strict minimum en retour, ce qui vous pousse à partir. Ce n'est que la semaine dernière que j'ai décidé d'accepter les propositions que j'ai reçues, après avoir constaté que c'est le blocage total. C'est le premier contact sérieux que j'ai eu et tout ce qui s'est dit auparavant s'est fait sans que je sois impliqué directement. J'ai reçu une offre d'un agent qatari, qui m'a proposé de prendre le club Al-Shamal. J'ai accepté après avoir constaté l'impasse dont laquelle je me retrouve au MCA. Quelle a été la réaction des dirigeants du Mouloudia ? J'ai espéré que les choses allaient évoluer positivement, mais j'ai vite déchanté. Je ne pouvais pas vivre dans le virtuel. Je ne pouvais plus accepter de continuer alors que j'attends plus de 60 000 euros dans mon compte. Moi aussi j'ai des obligations financières. On ne peut pas fonctionner comme ça. Cette décision me peine beaucoup vis-à-vis des joueurs et des supporters, mais il faut savoir que chaque chose a ses limites. Je ne suis pas dans n'importe quel club. C'est le Mouloudia d'Alger, tout de même et cette situation ne devrait pas être. J'ai toujours eu de bons rapports avec tout le monde, mais chaque chose a une fin surtout lorsque vous sentez que rien n'évolue. Vous étiez pourtant enthousiaste à l'idée de réussir quelque chose avec ce club ? J'ai sincèrement cru à quelque chose en débarquant à la tête de ce club. J'ai davantage cru au début de cette saison après le bon stage que nous avons effectué en Pologne, mais au fil du temps, je me suis senti trahi parce que personne n'est venu nous soutenir. C'est l'appel du capitaine, mais je n'ai pas quitté le navire. J'ai assumé cette situation très longtemps où je suis même resté plus de cinq mois sans percevoir le moindre dinar. Je pense que j'ai prouvé mon attachement à ce club. Tout le monde doit comprendre que tout a une limite. Cette situation ne m'a pas empêché de donner le meilleur de moi-même, mais à un certain moment, lorsque vous sentez que rien n'évolue, il faut prendre les décisions qui s'imposent. Et qu'allez-vous faire pour régler votre situation financière ? Mon avocat est chargé de régler ce problème et trouver une solution à l'amiable avec les dirigeants. Les clauses de mon contrat me permettent de partir à tout moment. J'ai accepté de signer avec une somme loin de ce que je percevais d'habitude, mais je ne voulais pas me tirer une balle dans le pied en acceptant l'avenant de payer deux mois de salaire si je décidais de ne plus continuer l'aventure avec le club. Ce n'est pas une querelle de personne et ce n'est pas un règlement de compte, c'est juste que nous soyons arrivés à une situation de non-retour. Vous avez certainement des regrets… Depuis les sept derniers mois, nous n'avons perdu que deux matches. Nous sommes passés de la dernière place à la première, c'est un exploit extraordinaire. Je me suis fixé un objectif, c'est de terminer la phase aller en tête du classement et décrocher le titre honorifique de champion d'hiver. Je laisse l'équipe en bonne place et je suis certain que les joueurs continueront dans cette voie. Nous avons réussi à redonner des valeurs à cette équipe, mais pour parler de titre, il faudrait plus de moyens et moi je ne veux pas leurrer les supporters. Depuis ma venue au Mouloudia, il y a eu peu de regrets pour moi. Le seul et peut-être le plus important, c'est de ne pas pouvoir aller au bout de mon aventure. Les joueurs savent qu'ils auront un bon coup à jouer face à l'USMH mardi prochain. Ce sera la dernière chose que je voudrais qu'il me fasse. Qu'avez-vous à dire aux supporters pour justifier votre décision ? Je regretterai certainement cet environnement. Je m'en vais dans un club où tout ce que j'ai vécu au MCA, ne se retrouvera pas. Ce n'est pas la même folie et ce ne sera pas la même passion. Nous avons passé des moments difficiles, surtout l'année dernière. J'ai réussi à révolutionner l'équipe en libérant certains éléments et en faisant la promotion d'autres jeunes qui ont donné entière satisfaction. Nous avons rétabli des valeurs au sein de cette équipe. Ma vie à Alger ne fut que bonheur et plaisir. Je n'ai jamais senti que j'étais un étranger. On a toujours été sympa avec moi et je remercie le peuple du Mouloudia de m'avoir aimé et surtout de m'avoir fait confiance. Achouri assurera l'intérim l Après le départ officiel d'Alain Michel, c'est désormais son adjoint, Kamel Achouri, qui assurera l'intérim. Ce dernier sera appelé, dès demain, à manager l'équipe à l'occasion du match en retard que livrera son équipe face à l'USM El-Harrach. Une rencontre très importante qui permettra au MCA de prendre un sérieux avantage sur ses poursuivants en cas de victoire. En effet, les Mouloudéens qui occupent déjà la place de leader avec un point d'avance sur le dauphin, l'USM Annaba, pourraient accentuer leur avance en la portant à quatre points s'ils s'imposent face aux banlieusards. A signaler que Achouri a eu déjà l'occasion de driver seul l'équipe l'année dernière. C'était lors du match face à la JSMB où il a réussi une belle victoire qui a remis l'équipe sur orbite.