Précision n Le service public est le plus souvent associé aux organismes publics assurant des services d'intérêt général. Ce qui est totalement faux. La notion englobe, en réalité, l'ensemble des entreprises, publiques et privées, qui prennent en charge les besoins vitaux de la population. Elles sont, par définition, tenues d'assurer la continuité du service. Même s'ils travaillent pour leur compte, les commerçants, les médecins et autres transporteurs se doivent d'être toujours prêts à répondre aux sollicitations du public. Malheureusement chez nous, les choses se passent autrement dans les faits. Le privé n'en fait qu'à sa tête, il travaille à sa guise sans jamais se soucier de la clientèle. «C'est mon bien, personne n'a le droit de m'imposer quoi que ce soit, j'ouvre quand je veux et je ferme quand je veux !» Cette phrase, les commerçants l'entonnent tel un slogan. «C'est ce que servent le plus nos commerçants», commente mi-sérieux, mi-plaisantin Hamid, 43 ans, qui exerce comme administrateur dans un laboratoire d'analyses médicales à Alger-Centre. Selon lui, les privés accomplissent rarement la mission qui leur est confiée : «Regardez, par exemple, ce qui se passe avant et après les fêtes religieuses. Pratiquement, tous les commerçants ferment sans que personne bouge le petit doigt.» Conséquence directe de cette situation, le citoyen éprouve toutes les peines du monde à trouver un pain, un sachet de lait, un bus ou un taxi. C'est que le service minimum n'est pas assuré dans la plupart des cas. «Dans notre quartier, aucun boulanger n'a ouvert durant les deux premiers jours de l'Aïd», relève Hamid. «Nous aussi nous avons des familles, personne n'a le droit de nous priver de passer les fêtes de l'Aïd avec les nôtres», rétorquent certains commerçants. Et d'autres de souligner : «Comment voulez-vous qu'on travaille alors que nos employés ne sont pas là ?» Heureusement qu'il y a des commerçants et des transporteurs…informels qui travaillent quand tout le monde est au repos. «Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont ceux qui exercent dans l'illégalité qui respectent la loi en assurant le service minimum», fait encore remarquer Hamid. A dire vrai, la défaillance du privé est pour beaucoup dans le développement des activités informelles. Si les chauffeurs de taxi assuraient, par exemple, le service à tout moment de la journée, les «clandestins» n'auraient jamais fait leur apparition et ne seraient pas devenus aussi indispensables qu'ils le sont aujourd'hui. Le comble dans toute cette histoire est que l'Etat reste les bras croisés. Aucun commerçant ou transporteur n'a fait, jusqu'ici, l'objet d'une sanction pour n'avoir pas assuré le service à telle période de la journée ou de l'année. Il faut dire que le législateur n'a rien prévu dans ce sens. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire…