Haine n Les Helvètes se sont prononcés hier, dimanche, avec 57,5% des voix en faveur de la proposition de la droite populiste d'interdire la construction de minarets dans la Confédération suisse. «La construction de minarets est désormais interdite en Suisse», a annoncé le gouvernement helvétique dans un communiqué officiel.» Les quatre minarets existants ne sont pas concernés par cette nouvelle mesure», a-t-il précisé. Sur les 26 cantons de la Confédération helvétique, seuls quatre (Bâle-ville et les cantons francophones de Genève, Vaud et Neuchâtel) ont rejeté la proposition de la droite populiste. Ces résultats contredisent les sondages qui prédisaient un rejet à environ 53% de la proposition d'interdiction de la construction de minarets dans le pays. Selon les dernières statistiques gouvernementales, la communauté musulmane en Suisse est forte de 400 000 membres sur une population de 7,5 millions d'habitants. Les résultats de ce référendum ont soulevé des réactions et des politiques suisses et de la communauté musulmane à travers la confédération et ailleurs. Le parti des Verts a déclaré envisager de présenter un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg (France) pour violation de la liberté religieuse garantie par la Convention européenne des droits de l'Homme. Cette image «attise la haine», avait dénoncé avant le vote la Commission fédérale contre le racisme (CFR), un organisme public consultatif, tandis que le Comité des droits de l'homme de l'ONU s'est «inquiété» de la proposition de la droite populiste. L'intellectuel musulman, Tarek Ramadan, a qualifié de «catastrophique» le résultat du référendum.«Il s'agit d'un vote d'intolérance, tournant le dos aux bases juridiques les plus constantes qui garantissent à travers le monde la liberté de religion», a fait savoir dans un communiqué Kamel Kebtane, recteur de la Grande mosquée de Lyon. «J'appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s'opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi», a-t-il encore écrit. De son côté, la principale organisation musulmane d'Indonésie a dénoncé ce lundi matin le résultat du référendum, y voyant un signe de «haine» et d'«intolérance» vis-à-vis de l'islam. Les Eglises catholiques et protestantes ont, elles aussi, unanimement condamné l'initiative de la droite populiste.» «Les évêques ne sont pas contents», a déclaré hier le secrétaire général de la conférence épiscopale suisse, qualifiant ce vote de «coup dur pour la liberté religieuse et l'intégration». Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré ce matin «un peu scandalisé» par le vote suisse interdisant les minarets, «une expression d'intolérance», selon lui. «J'espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite», a-t-il ajouté. «C'est une expression d'intolérance et je déteste l'intolérance», a-t-il dit.