Résumé de la 24e partie n Hardcastle passe en revue l'emploi du temps de Sheila et ses soupçons ne font que se confirmer... Je le regardais avec exaspération. — Et Curry ? Qu'as-tu appris sur lui ? Brusquement amer, Hardcastle me répondit : — Rien. — Qu'est-ce que tu veux dire, rien ? — Eh bien, qu'on ne le connaît pas, il n'existe pas. — Qu'en dit la compagnie d'assurances Metropolis ? — Rien, puisqu'elle non plus n'existe pas. En ce qui concerne Mr Curry, de Denver Street, il n'y a pas de Mr Curry, pas de Denver Street, ni de numéro 7, ni, d'ailleurs aucun numéro. — Passionnant. D'après toi, il avait donc de fausses cartes de visite avec une adresse professionnelle imaginaire ? — Apparemment. — Où est la combine, à ton avis ? Hardcastle haussait les épaules. — Pour l'instant nous jouons aux devinettes. Peut-être encaissait-il des primes d'assurance pour la frime. Comme un moyen pour lui d'entrer chez les gens, de manigancer un vol à l'américaine. Ce pouvait être un escroc, un maître chanteur ou le détective d'une agence privée, ou même un amateur qui piquait des bibelots. Nous n'en savons rien. — Mais ça ne saurait tarder ? — Oh ! bien sûr, ça arrivera bien un jour. Nous faisons vérifier ses empreintes. Si on en retrouve la trace, c'est un grand pas de franchi. Sinon, ça se corse encore davantage. — Un privé.., dis-je pensif. J'aimerais assez ça. Ça ouvre des horizons... Quand présente-t-on l'affaire au tribunal ? — Après-demain. Pure formalité : on ajournera la séance dès l'ouverture. — Quel est le résultat de l'autopsie ? — Oh ! poignardé à l'aide d'un instrument pointu, genre couteau de cuisine, par exemple. — Ce qui tendrait à éliminer miss Pebmarsh. Ça paraît difficile pour une aveugle de poignarder un homme. Au fait, est-elle vraiment aveugle ? — Sans aucun doute. Nous avons contrôlé ses dires : tout est vrai. Alors qu'elle enseignait les mathématiques dans une école du Nord,- il y a seize ans, elle a perdu la vue, s'est mise à apprendre le braille avec toute la sauce et a fini par décrocher son poste à l'institut Aaronberg. — C'est peut-être une cinglée, non ? — Obsédée par les pendules et les agents d'assurances ? — Cette affaire est tellement extraordinaire, dis-je, manifestant involontairement un léger enthousiasme. On croirait de l'Ariane Oliver dans ses plus mauvais romans, ou feu Garry Gregson à ses instants de génie. — Vas-y, moque-toi bien de moi. Ce n'est pas toi le pauvre bougre responsable de cette enquête -aux yeux de ses supérieurs ! — Oh ! bon, bon. Espérons que tu pourras tirer quelque chose des voisins. — J'en doute, fit Hardcastle avec aigreur. Même assassiné en plein milieu du jardin et transporté par deux hommes masqués dans la maison, personne n'en saurait rien, personne n'aurait regardé par la fenêtre. (à suivre...)