L'incubation s'est perpétuée en Kabylie, dans le rite d'asensi, appelé également en arabe tebyat. Le mot asensi dérive du verbe berbère ens «passer la nuit», sens «faire passer la nuit», asensu, asensi, qui en provient, signifie généralement «lieu où l'on passe la nuit, gîte», sauf en targui où il a le sens de «tombe», ce qui le rapproche du rite de l'asensi. Le mot arabe, tebyat, : il provient du verbe beyyit «faire passer la nuit, offrir un gîte pour la nuit, tebyit étant le nom d'action du verbe «fait de faire passer la nuit». L'asensi et le tebyit, consistent, en effet, soit à passer la nuit sur une tombe, pour recueillir «l'avis» du défunt, soit à disposer d'un certain nombre d'ingrédients sur la tombe, pour servir d'intermédiaire entre les vivants et les morts. C'est un rite pratiqué exclusivement par les femmes, gardiennes des traditions millénaires, mais auquel les hommes peuvent assister. La femme qui officie dans le rite est appelée timsensit, nom d'agent de ens, ou, si on utilise le verbe biyyet, biyata. Cette pratique, très ancienne, s'est perpétuée dans les régions du nord du Maghreb, elle est également attestée au Sahara, dans le Hoggar où les femmes vont dormir sur les adebni, les tombeaux antéislamiques, pour recevoir, dans leur sommeil, des nouvelles de leurs époux absents.