Féminin n En Algérie, certaines pratiques s'assimilent à l'incubation. Dans le Hoggar, les femmes targuies ont pris l'habitude d'aller passer la nuit près des anciens tombeaux préislamiques (idebni) : les esprits qui y habitent leur donneraient, grâce au rêve, des nouvelles de leurs époux absents. Le fait de se rendre sur les vieux tombeaux serait, peut-être, un indice d'ancienneté de cette pratique. En tout cas, elle semble antérieure à l'islamisation des populations et les personnes pieuses la réprouvent, à cause, peut-être, des aspects païens qu'elle recèle. En Kabylie, le rite d'incubation est le plus caractéristique. Ici, on parle d'asensi, du verbe ens signifiant «passer la nuit». C'est un rite exclusivement féminin qui se pratique dans les cimetières. La timsensit, ou celle qui pratique l'incubation, est sollicitée par une famille qui veut avoir des nouvelles d'un défunt ou lui poser des questions sur des affaires précises : règlement d'une succession, objets de valeurs égarés que l'on veut retrouver… Parfois, il s'agit de mères éplorées qui veulent communiquer avec des enfants décédés, leur dire toute leur douleur et leur espoir qu'ils soient bien là où ils sont. Et, pour tous, il y a ce besoin inconscient de s'assurer qu'il y a une vie après la mort et que les êtres qu'on a aimés ne sont pas définitivement perdus ! Avant d'aller dormir sur la tombe, la timsensit doit se purifier puis procéder à certains rites qui vont favoriser la communication avec l'esprit du défunt, rites qui peuvent différer d'une région à une autre. La réponse aux questions qu'on se pose est apportée par un rêve, soit clair, c'est-à-dire immédiatement accessible, soit par symboles, voire par énigmes qu'il va falloir interpréter. L'asensi est, bien sûr, réprouvé par les personnes pieuses qui y voient un chirk, c'est-à-dire une association avec des forces occultes pour percer des secrets gardés par Dieu.