Norwich est une ville très ancienne, médiévale même ; calme, voire endormie. Mais non loin des nouveaux bâtiments et des cottages, des vieilles ruelles, des parkings vides et des bâtiments en construction offrent l'isolement que requiert «le plus vieux métier du monde». Cet ensemble de petites rues est appelé l'Ilot. Un peu plus d'une vingtaine de prostituées y travaillent. Mais aujourd'hui, c'est devenu un endroit dangereux. Il semble que, depuis quelque temps, un tueur en série soit en chasse. Le dimanche de Pâques, le corps de Michelle Bettles, 22 ans, mère de trois enfants, a été découvert dans un endroit boisé et reculé près de la A 47, au nord de Norwich. Elle avait été étranglée. Trois mois plus tôt, le corps décomposé de Hayley Curtis, 23 ans, disparue depuis octobre 2001, avait été découvert dans un terrain vague, près de la A 3. Et 18 mois auparavant, en juin 2000, Kellie Pratt, 29 ans, mère de deux enfants, a disparu alors qu'elle vendait son corps seulement pour la deuxième fois de sa vie. Ces événements récents ont remis en mémoire le meurtre irrésolu de Natalie Pearman, 16 ans, prostituée, en novembre 1992. Tout comme Bettles, elle avait été étranglée et abandonnée dans un endroit boisé et reculé près de la A 47. La police de Norfolk ne parle pas officiellement d'un tueur en série. Dans le cas de Hayley Curtis, l'homme dans la voiture duquel elle a quitté Norwich le 16 octobre 2001 et avec qui elle a voyagé dans l'Essex, est emprisonné en Irlande et attend d'être jugé pour viol. Mais si cet homme n'a assassiné «que» Curtis, qui a tué les trois (peut-être quatre) autres ? Le superintendant Chris Grant, qui mène l'enquête, admet qu'il y a peut-être un lien entre ces meurtres. Mais il ajoute que les enquêteurs ne peuvent affirmer s'il y a un ou plusieurs tueurs. Le quartier où travaillent les prostituées n'est pas très grand et les clients sont bien obligés de toujours aller au même endroit. L'incertitude quant à savoir si un tueur en série est «à l'?uvre» ou non, est partagée par les familles des victimes et par les prostituées elles-mêmes. (à suivre...)