Publication n Deux romans viennent de paraître aux éditions APIC. Le premier est Matins de couvre-feu de l'Ivoirienne Tanella Boni. Le roman, écrit sous forme de satire philosophique, ancré dans la société, raconte l'histoire d'une tragédie, le drame qui déchire la Côte-d'Ivoire. L'auteur évoque les malheurs de son pays (instabilité politique), où la population civile, prise en otage, est en proie à l'incertitude et au désarroi : pauvreté, ethnicité, violence, ivresse du pouvoir, enfants-soldats meurtriers, «différents visages des matins et des nuits de couvre-feu lorsque la mort décime à l'aveugle les familles». Une réalité douloureusement vécue, dans l'angoisse, la tourmente et l'attente, celle d'une salutaire délivrance. Car assignée à résidence durant neuf mois – c'est le temps d'ailleurs d'une grossesse – durant lesquels la narratrice se replie sur sa propre histoire, celle des femmes de sa famille. Matins de couvre-feu est un roman fort et poignant, d'un réalisme saisissant, le tout est dit dans une écriture qui se veut simple et sobre, mais fort démonstrative dans la façon de rapporter les événements et d'illustrer toute la sensibilité qui en découle. Le deuxième livre est Filles de Mexico du Togolais Sami Tchak. L'écrivain situe l'action de son histoire à Mexico – comme l'indique d'ailleurs le titre. La question qui se pose : que va écrire un Africain sur l'Amérique latine ? C'est que Sami Tchak a trouvé une correspondance entre l'Afrique, sa terre natale, et l'Amérique latine, son univers romanesque. Par l'écriture, l'auteur réussit en effet à tisser «des liens entre deux continents : l'Afrique et l'Amérique du Sud, que les inégalités sociales et raciales peuvent rapprocher». Ainsi, Filles de Mexico est l'histoire de Djibril Nawo, un écrivain français d'origine togolaise. C'est un personnage intrigant, fascinant et qui va, dans ses déambulations et pérégrinations, à la rencontre de gens divers, parfois inquiétants, d'autres attachants ou simplement étranges. Il arpente la ville, de jour comme de nuit, aussi bien dans les bas-fonds de la cité que dans ses quartiers huppés. Autant de rencontres ordinaires qu'insolites vont lui permettre de percevoir la réalité dans sa diversité et ses contradictions. L'auteur nous décrit une galerie de personnages, nous fait la description d'une société déchirée par les inégalités sociales et raciales. Tout comme le roman évoque les questions de la violence et de la sexualité, indissociablement liées. Filles de Mexico est aussi un roman sur les femmes, un récit qui place celles-ci au centre de l'action romanesque. L'auteur dans une écriture aux tonalités intimistes, met l'accent sur le corps qui devient alors l'âme même du récit, l'objet en question. Ces deux romans sont parus dans la collection Résonance. Une collection consacrée à la littérature africaine et à faire connaître les auteurs africains aux lecteurs algériens.