Résumé de la 41e partie n C'est au tour du médecin légiste de passer devant le procureur, pour révéler les résultats de son examen… Le Fauve m'a collée de la première équipe aujourd'hui. C'est moche, hein ? Moi qui pensais rabioter une heure pour faire des emplettes et du lèche-vitrines. — C'est le Fauve tout craché, ça. Pas plus mesquine d'elle ! On rouvre à 2 heures et il faut qu'on rapplique toutes. Tu cherches quelqu'un ? — Oui, Sheila. Je ne l'ai pas vue ressortir. — Elle a filé tout de suite après sa déposition, fit Maureen. Avec un jeune homme, j'ai pas vu qui. Alors, tu t'amènes ? Mais Edna, toujours hésitante, finit par dire : — Partez... d'ailleurs, j'ai mes courses à faire. Et Maureen s'éloigna en compagnie d'une autre. Edna, elle s'attardait, se décidait enfin à aborder le jeune agent blond de faction. — Puis-je rentrer ? murmura-t-elle d'une voix timide. J' voudrais parler à celui qui est venu au bureau, l'inspecteur j' sais pas qui. — L'inspecteur Hardcastle ? — C'est ça. Celui qui a fait la déposition, ce matin. Se détournant vers le prétoire, le jeune agent aperçut l'inspecteur en discussion très sérieuse avec le principal et le procureur. — II m'a l'air occupé en ce moment, miss, dit-il. Revenez un peu plus tard,, voulez-vous ? Ou alors, si vous préférez que je fasse la commission ? Est-ce important ? — Oh ! non, pas trop, fit Edna. C'est que je m'explique pas comment ça peut être vrai, ce qu'elle a dit, parce que voyez-vous... Et elle s'éloigna, le sourcil froncé. Quittant le Cornmarket, elle déambulait dans High Street, le front toujours plissé, s'efforçant de réfléchir. Mais penser n'était pas le fort d'Edna ; plus elle essayait d'y voir clair, plus son esprit s'embrouillait. A haute voix, elle prononça : «Mais c'est impossible... Ça n'a pas pu se passer comme ça.» Soudain, l'air résolu, elle tourna dans Albany Road en direction de Wilbraham Crescent. Depuis que la presse avait publié la nouvelle du meurtre, nombreux étaient ceux qui tous les jours venaient s'attrouper en face du 19, Wilbraham Crescent. Etrange fascination qu'en de telles circonstances la brique et le ciment exercent sur les foules. Les deux premiers jours, on avait dû poster là un agent pour forcer les gens à circuler ; puis, peu à peu, les curieux se firent plus rares, sans pourtant disparaître tout à fait. C'est là que, toujours aussi préoccupée, notre Edna fit son apparition, bousculant sur son passage un petit groupe de badauds en contemplation devant la maison du crime. L'impressionnable Edna aussitôt les imita. C'était donc ici que ça s'était passé, dans cette si jolie maison. C'est là qu'un homme avait été assassiné. Tué avec un couteau de cuisine, comme tout le monde en a... Hypnotisée par son entourage, Edna Brent, elle aussi regardait, regardait, ne pensait plus à rien... Commençait à oublier pourquoi elle était venue... Quand soudain elle sursauta : une voix lui parlait à l'oreille. La reconnaissant, elle se retourna, très surprise... (à suivre...)