Interrogation n Comment faire pour que les femmes algériennes puissent bénéficier des objectifs du millénaire pour le développement ? Si aujourd'hui l'accès aux soins aux femmes est au cœur des préoccupations pour le continent africain «c'est que malgré l'adoption des lois, des chartes, des plates formes et des plans d'action issues de conférences internationales, régionales et nationales tous les clignotants demeurent encore au rouge pour les femmes des pays africains». C'est la déclaration faite hier par Dr Faîka Medjahed, responsable du service santé femmes au niveau de l'Institut de santé publique (Insp), lors d'une journée d'étude sur «la santé des femmes en Afrique». L'intervenante, en se référant aux chiffres, a annoncé que 99 % des décès maternels se produisent dans les pays en développement et plus de la moitié d'entre eux sont en Afrique subsaharienne et un tiers en Asie du sud. Dans les pays en développement , on compte 450 décès maternels pour 100 000 naissances vivante conte 9 dans les régions développées. Le Dr Medjahed s'interroge en outre sur le vrai statut de la femme qui demeure encore limité à son rôle familial, social et reproductif. En tant que coordinatrice du groupe de recherche «Parité des sexes à l'accès aux soins», l'intervenante a évoqué cette «parité» à partir du moment de la conception du fœtus, l'accouchement, dressage des petites filles et garçons dans la petite enfance, au formatage à l'école, aux stéréotypes de l'âge adulte jusqu'au vieillissement de la femme. Elle déplore ainsi l'accueil du nouveau-né de sexe féminin par des soupirs et celui de garçons par des youyous. Et durant la petite enfance, «le maternage, malgré le niveau culturel et l'instruction de la femme, favorise le petit garçon qui sera nourri et bien soigné au détriment de la petite fille”. Dans le même contexte, elle évoque la phase de la scolarisation qui inculque selon elle aux enfants des stéréotypes sexistes avec les outils que sont les manuels scolaires qui imprègnent l'infériorité des femmes dans les esprits des filles et des garçons. «Ces stéréotypes se retrouvent aussi bien dans les textes que dans l'histoire de l'Algérie qui n'est écrite qu'au masculin pluriel, où les héroïnes sont rares, voire inconnues». Le Dr Medjahed se désole aussi de l'absence de structures ou de services de santé spécifiques à l'adolescente. «Les divers bouleversements qu'elles vivront dans leurs corps et leurs esprits, elles les vivront dans l'angoisse et n'oseront pas en parler et elles ne sauront pas à qui s'adresser». Pour conclure, l'intervenante s'est interrogée sur comment faire pour que les femmes algériennes puissent bénéficier des objectifs du millénaire pour le développement ou plutôt le processus d'évaluation. Pour rappel, cette journée d'étude a été chapeautée par l'Insp en collaboration avec le bureau OMS Algérie. n Le Dr Madj du ministère de la Santé et de la Population a conclu dans son intervention sur la santé mentale, que les femmes doivent bénéficier de meilleures prestations de santé «afin de promouvoir leur bien être physique, mental et social, pour qu'elles puissent réaliser une vie saine et contribuer à l'épanouissement de la famille et de la société». La psychologue du CHU Mustapha, Mme Hassani s'est interrogée, quant à elle, sur la place que doivent avoir nos adolescents dans le système de santé. «Ne doivent-ils pas faire l'objet d'une considération en amont ?». Enfin, la directrice de l'Insp, le Dr Cherfi a appelé à la prise en compte de la santé des filles et des femmes dans les différents cycles de la vie à partir de la conception au prénatal, à l'adolescence. «On a aussi longtemps considéré que la santé des femmes se limitait à la santé génétique des femmes mariées excluant les petites filles, les adolescentes, les femmes non mariées et les plus âgées», a-t-elle déclaré, affirmant que la santé sexuelle et reproductrice doit aussi trouver naturellement sa place «que l'égalité des chances soit consacrée et que les filles et les femmes puissent trouver le bien-être et vieillir en bonne santé».