“La Charte africaine (de la Fonction publique) a le mérite d'apporter les outils nécessaires à la refondation des administrations africaines (…), à donner plus de crédibilité à l'action de l'Etat, à moderniser ses modes d'intervention et à conférer plus de transparence aux décisions administratives”. C'est ce qu'a déclaré hier, à l'hôtel Sheraton (Club-des-Pins, Alger), le directeur général de la Fonction publique, Djamel Kharchi, aux représentants des autres pays membres du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) et de l'Union africaine (UA). Réunis en séminaire, ces derniers sont appelés à apporter, pendant les trois jours que durera la rencontre, les amendements nécessaires à la Charte africaine de la Fonction publique, conformément aux décisions prises en juillet dernier à Johannesburg (Afrique du Sud). M. Kharchi, en sa qualité de représentant de l'Etat algérien, chargé par la 5e Conférence des ministres africains d'Addis-Abeba (décembre 2006) de piloter le dossier de révision de la charte, a rappelé que celle-ci a été élaborée, il y a 6 ans, et réunit “les conditions de relégitimation des administrations africaines”. “Dans son esprit et sa lettre, la charte se veut avant tout un cadre de référence et un code de conduite pour l'ensemble des agents publics”, a-t-il précisé. Non sans insister sur les “mutations” et les “défis d'une grande ampleur” suscités par le nouveau millénaire. Le DG de la Fonction publique a évoqué, dans ce cadre, les raisons de la création du Nepad, cette “expression d'une vision commune” des Etats africains ayant décidé de placer leur pays sur “la voie d'une croissance et d'un développement durables”. Il a, en outre, constaté que depuis l'adoption, en février 2001, de la Charte africaine, cette dernière n'est pas appliquée de façon uniforme par les Etats. Pour preuve, exposera-t-il, des pays africains ont entamé des réformes afin de renforcer les capacités du service public, certains sortent des conflits et s'attellent aujourd'hui à reconstruire leur administration, alors que d'autres ont besoin d'un réel appui pour mener leurs réformes dans la Fonction publique. Abordant les grandes lignes de la charte, Djamel Kharchi a rappelé que celle-ci est composée de 29 articles, structurés en 3 titres. Selon lui, cette charte “met particulièrement l'accent sur la qualité des prestations de service public et place le citoyen au cœur des préoccupations de l'administration”. Seulement, a-t-il ajouté, la charte n'est pas destinée à “nous enfermer dans un moule unique”, mais à “nous unir autour de valeurs communes, tout en préservant l'identité propre de chaque Fonction publique”. Lors d'un point de presse improvisé, le responsable algérien a annoncé que le séminaire des experts africains s'articulera autour de 3 points, à savoir “l'évaluation de l'intégration” des principes et règles de la Charte de la Fonction publique, “l'examen des voies et des moyens” en vue d'une ratification de la charte par les Etats, dans le cadre du mécanisme institutionnel de l'UA, ainsi que “l'étude des axes de la révision” de cette charte, devant prendre en compte les évolutions dans le continent noir, pour “consolider la bonne gouvernance et l'Etat de droit”. Des points qui ont reçu l'aval de l'UA, comme l'a d'ailleurs relevé son représentant dans son discours d'ouverture. Interrogé sur la finalité de la rencontre de Sheraton, M. Kharchi a expliqué que les résultats du séminaire, accompagnés des recommandations, donneront lieu à “un rapport final” que l'Algérie présentera en mars 2008 à la Conférence des ministres africains de la Fonction publique, lors de sa réunion annuelle à Addis-Abeba. Concernant la question de l'actualisation de la charte, il a affirmé que celle-ci doit intégrer notamment “la lutte contre la corruption”, “la protection du fonctionnaire”, dans le cadre de ses missions, “les droits et les obligations” de ce dernier, y compris la problématique des “salaires décents”, et “l'amélioration de l'accessibilité, pour le citoyen, au service public”. “Le but de ce séminaire est d'arriver à une charte ayant une assise suffisamment large, pour être appliquée par les Etats africains”, a-t-il déclaré aux journalistes. H. Ameyar