Accusation n Le Président américain a pointé du doigt, hier, les renseignements qui auraient, selon lui, pu empêcher un suspect muni d'explosifs d'embarquer dans un avion de ligne à destination des Etats-Unis. A l'issue d'une réunion d'environ deux heures avec les dirigeants des services de renseignements, le vice-président, Joe Biden, et plusieurs ministres de premier plan, c'est un M. Obama visiblement irrité qui a dressé un état des lieux sans concessions d'un «échec» qui aurait pu avoir des conséquences «désastreuses». Lors de la réunion, M. Obama a adopté un ton encore plus ferme, selon ses propos rapportés par un haut responsable américain, remarquant que les Etats-Unis ont échappé «de justesse» à une catastrophe. «L'attentat a été empêché par des personnes courageuses, mais pas parce que le dispositif de sécurité a fonctionné, et cela n'est pas acceptable», a-t-il ajouté. Le directeur du renseignement américain, Dennis Blair, a pris acte de ces critiques. «La communauté du renseignement a reçu le message du président aujourd'hui. Nous l'avons compris et nous faisons en sorte de répondre aux nouveaux défis», a-t-il répondu dans un communiqué, soulignant la nécessité de «maintenir une avance» sur les terroristes. Le 25 décembre, un Nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, a réussi à monter avec des explosifs sur lui, dans un avion de la compagnie Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit avec 290 personnes à bord. Sa bombe artisanale n'a pas complètement fonctionné et il a été maîtrisé par des passagers. L'enquête a montré que le père du suspect avait alerté en novembre la diplomatie américaine au sujet de la radicalisation de son fils, mais que ces informations n'ont été ni recoupées ni partagées par les différentes administrations. «Le gouvernement américain avait suffisamment d'informations pour déjouer ce complot et peut-être empêcher l'attaque du jour de Noël, mais nos services de renseignements n'ont pas réussi à assembler les pièces, ce qui aurait mis le suspect sur la liste des personnes interdites de vol», a expliqué M. Obama. Il a aussi souligné qu'il était de sa «responsabilité de découvrir pourquoi» ces échecs ont eu lieu, et de les corriger. Ce raté majeur est intervenu plus de huit ans après les attaques du 11 septembre, et malgré des milliards de dollars investis par les Etats-Unis dans le renseignement et la sécurité, sans parler des opérations militaires en Afghanistan et en Irak. Depuis la tentative d'attentat, les Etats-Unis ont révoqué plusieurs visas à la suite d'informations liées à des affaires de terrorisme. Grièvement brûlé et arrêté après sa tentative, le suspect a, quant à lui, fourni des informations «utiles et exploitables» aux policiers qui l'interrogent, a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche. Depuis dimanche, les autorités américaines ont passé en revue des listes de milliers de noms de personnes surveillées ou interdites de vol, tandis que des contrôles renforcés des passagers embarquant pour les Etats-Unis ont été mis en place à travers le monde.