Résumé de la 54e partie n Hercule Poirot demande à mener sa petite enquête notamment en écrivant à de vieux amis avocats… Je me demande si c'est dans nos conventions. Vous deviez uniquement rester assis ici, réfléchir. — C'est tout ce que je fais. Mais je préfère quand même contrôler les résultats que j'ai obtenus. Ce ne sont pas des renseignements que je veux, mais une simple vérification. — Poirot, vous bluffez ! Je ne pense pas que vous ayez découvert quoi que ce soit. Voyons, personne ne sait encore qui est la victime. — Moi, si. — Son nom ? — Je l'ignore. C'est sans importance. Comprenez-moi : je ne sais pas qui il est, mais ce qu'il est. — Un maître chanteur ? Les paupières de Poirot se refermaient. — Un détective privé ? Poirot rouvrait les yeux. — Comme la dernière fois, je me permets seulement une petite citation avant de me taire. Et, avec le plus grand sérieux, il me récita : «Petit, petit, petit... venez vous faire tuer.» Sur le calendrier de son bureau, l'inspecteur Hardcastle lut : 2o septembre. Dix jours seulement d'écoulés depuis le meurtre. Il n'avait pas progressé autant qu'il l'espérait, parce que l'on se heurtait toujours à cette difficulté initiale : l'identification du cadavre. L'homme mort demeurait l'homme mystérieux. Et pourtant, quel flot d'appels téléphoniques et de lettres s'était déversé à la suite de la parution d'une photo dans la presse, sous-titrée : Connaissez-vous cet homme ? Hardcastle en soupirait encore. Innombrables étaient les épouses, les sœurs, ainsi que tous ceux qui avaient cru l'apercevoir dans le Lincolnshire, le Devon, à Londres, dans le métro, sur l'autobus, où dans l'ombre d'une jetée, au coin d'une rue, inquiétante silhouette, ou à la sortie d'un cinéma cherchant à se dissimuler. Mais ce jour-là, l'inspecteur se sentait nettement plus optimiste en contemplant une fois de plus la lettre posée sur son bureau. Une lettre qui n'était ni délirante, ni trop affirmative. Mais qui l'informait simplement que son auteur, une certaine Mrs Rival, pensait qu'il était possible que l'inconnu fût son mari dont elle était séparée depuis des années. La voyant entrer, l'inspecteur se leva pour lui serrer la main.. La cinquantaine, estima-t-il ; mais de très loin, très, très loin, on lui en donnerait trente. Maquillée à la va-vite ; les cheveux foncés sous leur henné. De taille moyenne, sans chapeau, avec un manteau sombre. Elle devait avoir une bonne nature, jugea-t-il, se fiant à son expérience de la valeur morale des gens. Sans doute pas étouffée par les scrupules, mais facile à vivre. — Très heureux de vous voir, Mrs Rival, dit-il. Vous allez pouvoir nous aider, je l'espère. Elle s'excusa presque : — Je ne peux rien certifier ; mais en voyant les photos sur les journaux, j'ai trouvé qu'elles ressemblaient à Harry et même d'une façon frappante. J'aimerais tant pouvoir m'en assurer. Mais il y a si longtemps que je ne l'ai vu. (à suivre...)