Traditions n Un ensemble d'activités entrant dans le cadre de la célébration de Yennayer a eu lieu, hier, lundi, à la bibliothèque de jeunesse Didouche-Mourad et ce, à l'initiative de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger. Comme le veut la coutume chaque année, la célébration de la nouvelle année berbère (2960) prend des airs de fête et revêt notamment une dimension culturelle. Culturelle, parce qu' elle se réfère aux différentes pratiques culturelles et habitudes sociales ainsi qu'aux croyances populaires qui entourent, au fil des générations et des siècles, cette date qui symbolise dans le calendrier berbère, le premier jour du calendrier agraire. Ainsi le public, nombreux à être convié aux différentes activités mises sur pied par l'établissement Arts et Culture, a pu découvrir l'histoire de cette tradition et ce, à travers une conférence qui avait pour thème «Histoire, tradition et coutumes de Yennayer» «Cette fête, qui a une relation avec le calendrier agraire, remonterait à 2960 ans», a indiqué Chérifa Belamara, cadre au Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), dans une conférence, précisant que «cette fête est à vocation agraire et qu'elle est fêtée pour aborder l'année avec faste et espoir». «Cette fête permet de réunir tous les membres de la famille autour d'un succulent et copieux repas. Yennayer symbolise la cohésion familiale ainsi que la solidarité entre les membres de la communauté», a-t-elle ajouté. Pour sa part, Louiza Gallez, docteur en philosophie et anthropologue, a, dans son intervention, évoqué la symbolique de cette fête qui a vu le jour, a-t-elle souligné, 10 siècles avant le début du calendrier grégorien. Et d'indiquer : «La philosophie de Yennayer est l'altruisme, l'union, le partage et la solidarité, c'est un pacte de communion entre la génération actuelle et future, tout comme cette fête est un pacte de communion entre les êtres humains et la nature.» En marge de cette conférence, une exposition retraçant les traditions et l'esprit créatif berbère à travers des objets d'art et d'artisanat, tels que la poterie et d'autres objets anciens du Réseau algérien des femmes artisanes d'art Res'Art ainsi qu'un récital de musique traditionnelle Achouik interprété par Flora. Yennayer est, en effet, le premier jour du calendrier agraire, calendrier utilisé depuis l'antiquité par les Berbères. La célébration de Yennayer date seulement de quelques années après l'indépendance de l'Algérie. C'est vers 1968 qu'une association culturelle, créée en 1967 – elle avait pour nom Agraw Imazigen (elle est dissoute en 1978) – autour d'artistes et d'intellectuels et journalistes, a proposé de créer une «ère berbère» tout comme il y a une ère chrétienne et une islamique. L'association a fixé comme an zéro du calendrier berbère les premières manifestations connues de la civilisation berbère, au temps de Chechonq Ier (Cacnaq) fondateur de la 22e dynastie égyptienne qui monta sur le trône et devint «Pharaon» en Égypte. Le calendrier berbère correspond au calendrier agraire ; celui-ci employé pour des besoins agraires, c'est-à-dire pour régler les travaux agricoles saisonniers et mettre, du coup, l'accent sur le cycle des saisons. Yennayer est une fête berbère, célébrée en Afrique du Nord, mais différemment selon les aires culturelles et géographiques, et notamment selon les croyances populaires. Cela revient à dire que chaque région donne lieu à des festivités diverses et à des repas familiaux. Chaque région et localité ont leurs rites et leurs habitudes liées à des croyances et mythes fondateurs de Yennayer. Yennayer, en dépit des rites et us qui accompagnent sa célébration, se veut un moment festif et de convivialité familiale empreinte de joie, tout comme il est une occasion pour les personnes de se réconcilier entre elles.