Entre la presse et Rabah Saâdane, les relations ont souvent été tumultueuses et empreintes d'incompréhensions. Depuis toujours, le sélectionneur national met ses «détracteurs», ses «casseurs», ses «déstabilisateurs», ceux qui «complotent» contre lui et les manipulateurs de tout genre à la troisième personne du pluriel. «Ils», ce sont eux. C'est peut être moi, vous, les autres et personne en même temps. Mais comme on dit : «Qui se sent morveux se mouche.» Saâdane, lui, ne s'est pas gêné, lors de la conférence de presse qui a suivi le match, de tirer à boulets rouges sur une certaine presse – sans la nommer – qui, selon lui, ne fait que saborder le moral des troupes tout en s'attaquant à sa personne, histoire de le faire déguerpir pour le remplacer par un autre entraîneur de plus haut rang. Certains sont même allés jusqu'à évoquer le technicien italien Trappatoni comme futur sélectionneur des Verts ! Evidemment, Saâdane ne dit jamais les noms de ses persécuteurs, mettant tout le monde dans le même sac, ce qui a provoqué la réaction des journalistes et des photographes hier à l'heure du premier entraînement de l'équipe au lendemain de sa précieuse victoire face au Mali à cause d'un autre huis clos qui leur a été imposé. Déjà la veille, les joueurs ont refusé de s'adresser à la presse, alors que d'autres, selon plusieurs correspondants, ont évité de passer dans la zone mixte rejoignant directement le bus qui les a emmenés à leur hôtel. Pour protester, plusieurs journalistes ont tourné le dos à l'équipe alors qu'elle quittait l'entraînement histoire de dénoncer le deux poids, deux mesures des responsables de la fédération qui laissent les journalistes étrangers faire leur boulot librement, alors que les Algériens son traités comme trois fois rien. Hier, sur les ondes de la Chaîne III, le patron des Verts s'en est pris à tous ceux qui l'ont attaqué après la débâcle contre le Malawi, y compris certains journalistes qu'il a qualifiés à peine de traîtres – ils n'étaient pas des Algériens, selon ses dires –, tout en indiquant qu'il maintiendra le huis clos à l'entraînement et qu'il sera toujours le sélectionneur jusqu'au lendemain de la Coupe du monde. C'est dire l'hypocrisie dans laquelle nous nageons, car personne n'ose s'attaquer directement à ceux qui dérangent comme l'a fait frontalement un jour Aimé Jacquet avec le journal L'Equipe avant et après la Coupe du monde de 1998. Chez nous, on se tire dessus aujourd'hui, puis on se fait la bise le lendemain, comme si de rien n'était car au fond il y a toujours une affaire d'intérêt. Les perdants, se sont souvent ceux qui font leur travail correctement, de manière objective et professionnelle sans recourir au «slikh» (mot indiquant les interviews bidon et inventées) qui est devenu l'outil des imposteurs et des plumitifs avides d'argent, de gloire et de pouvoir.